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Un conte de Noël : Voyage...Alex, depuis plusieurs nuits, était très perturbé. Des grelots, des tintements, le tenaient éveillé, et l'image d'un gros bonhomme rouge, au visage bouffi de « bon vivant », l'obsédait.Il n'avait jamais aimé le Père Noël, ni tout ce qui gravitait autour de lui, car ses parents l'avaient éduqué dans la conviction que l'on ne doit pas mentir aux enfants... Mais alors, pourquoi ce mythe revenait-il le chatouiller, chaque nuit? Avait-il, peut-être, quelque chose à se reprocher? Le Père Noël – en admettant, tout de même, quelque part, qu'il existât - avait-il eu vent du fait qu'Alex affirmait à tous ses copains sa non-existence?Il allait en avoir le coeur net. Un soir, avant de monter se coucher, il emprunta le caméscope de son papa, vérifia que celui-ci était bien équipé d'une cassette de longue durée, et que la batterie était bien rechargée... Il camoufla l'appareil sous son oreiller, un doigt sur le bouton, puis attendit. Combien de temps?.... Il s'était endormi, ayant eu au dernier moment le réflexe de mettre en marche... Le matin, il n'avait rien vu, ni entendu.Il sauta du lit, évidemment, brancha le caméscope sur le téléviseur, et... le monde entier commença à défiler devant lui ! D'abord, sa chambre, où on le voyait dormir à poings fermés, puis sa maison, sa rue, sa ville, survolée – en traîneau, très certainement – au son tintinnabulant de grelots aigrelets. Puis, une grosse voix, à la fois sévère et tendre: « Nous nous trouvons actuellement au-dessus du pont de Tancarville, et nous nous dirigeons vers les Açores. Voici à présent Fort-de-France, puis Cap Kennedy... ». Tout se passait à une vitesse fulgurante.Un bruit, soudain : Papa, derrière le canapé, ouvrait la porte.
- « Mais que fais-tu là? Déjà levé? Et tu as encore allumé la télé! Eteins ça, tout de suite!
- Mais, papa... bredouillait-il, les yeux écarquillés... Rembobine la cassette, et regarde...
- Quoi? dit le père. Tu divagues, ou quoi? »
Après quelques instants, le père d'Alex, par curiosité – tout de même! - a remis la cassette en lecture. Durant vingt minutes, il n'a pu voir qu'un scintillement d'étoiles, comme sur les écrans de veille d'ordinateurs, avec une bande-annonce qui défilait imperturbablement:« Réservé aux enfants - Réservé aux enfants - Réservé aux enfants - Réservé aux enfants... »Loïc
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Un scoop : Le Père Noël prend sa retraite !Je n’en reviens pas … Je lui avais écrit, comme tous les ans, pour lui faire mes demandes, et voilà sa réponse, très sèche, très brève :« Mes chers petits enfants, vous ne verrez plus jamais, ni dans les cheminées, ni dans les magasins, nulle part. C’en est assez. Trop vieux, trop mal. Pardon. Adieu. Je me retire. Comme on dit chez vous, je « prends une retraite bien méritée ».Du haut de mes 5 ans (et avec l’aide de ma maman), je lui ai aussitôt, avant de sombrer dans un désespoir qui eût pu être fatal, répondu … :« Papa Noël, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as un coup d’mou, comme dit mon papa ? ou bien t’es malade ? C’est vrai qu’ toi t’as pas de Mère Noël pour te soigner … Mais dis donc, faut pas t’laisser aller, surtout maintenant ! Secoue-toi : va voir un docteur, bois beaucoup de vin chaud et de grog, couche-toi plus tôt le soir, prends du sirop et des tisanes aussi, ou j’sais plus, mais faut pas t’laisser aller :Tu as encore mes cadeaux à livrer, j’te rappelle, et bientôt aussi ceux de ma petite sœur, qui va arriver en mars prochain, alors … au boulot !D’ailleurs tu t’ennuierais, en retraite …»LOIC
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Pastel Aude Guilhou EsperanzaPeu à, peu les notes se sont adoucies, la symphonie s’est encalminée, et Esperanza s’est envolée …Tandis que sur la grande scène de l’Opéra, tous les acteurs de Carmen font revivre l’héroïne et son épopée, la spectatrice – s’est-elle assoupie un instant ? – rêve sa jeunesse, proche encore, dans la savane, paradisiaque, mais aussi diabolique.Le regard perdu dans le vague, Esperanza a laissé reposer son menton sur le rebord du balcon. Carmen, les enfants, le torero, tout a disparu, et un documentaire défile à présent, étrangement, un de ces vieux films « coloniaux », caricatural, fourbi d’abus et de clichés.Mais au milieu de tout cela s’avance soudain l’objet de ses songes éveillés : Le chef de la tribu, grand, beau et puissant – comme il se doit – s’arrête, tous s’inclinent à son geste. Il tend enfin les bras vers la jeune femme … au moment où la salle se vide : l’opéra est terminé.
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L’Adage …A l’Archipel de Fouesnant, le 22 janvier 2009.Nous devons écrire un texte commençant par « Il était une fois », et contenant :Une couleur – un personnage imaginaire – un animal – se terminant par un adage …
…………………………………………………………………Il était une fois un korrigan, qui, entre nous soit dit, n’est pas du tout, du côté de Fouesnant, un « personnage imaginaire » : Allez donc faire un tour sur les dunes de Mousterlin, ce soir, pour voir ! Mais, en Bretagne, on aime le surnaturel, le merveilleux, et on mêle vite tout ce qu’on ne comprend pas à des opérations du Diable.Or donc, ce korrigan, en ce début janvier 2009, menait sa ronde habituelle, près de Kleut-Rouz, où le vent glacial accentuait le violet de son visage. Il était sorti, par conscience professionnelle, malgré le froid qui confinait chacun chez soi, à l’abri des températures négatives depuis plusieurs jours. Mais il n’en pouvait plus, allait renoncer à continuer de hanter les lieux, quand il se prit soudain à sautiller, sautiller, d’une manière tout à fait inhabituelle chez lui, qui savait se tenir, tout de même. Il crut tout d’abord qu’il le faisait – tout bêtement – pour se réchauffer, puis il aperçut, dans l’obscurité, un point lumineux qui semblait le guider, et même l’ensorceler, pour le mener en une sorte de ronde folle : Une puce, aux yeux jaunes fluo, tels ceux d’une luciole, se dressait et s’agitait devant lui."Allez, suis-moi, diable de korrigan, dit une voix aigrelette, suis-moi, petit diable !"
Et ce benêt de lutin (comme tous les hommes, pense la puce !) se laisse embobiner, empaqueter comme un novice ... Le regard jaune l'hypnotise, le transcende mais l'annihile : Tout comme les petits enfants de Hameln, il s'avance vers la mer, n'entend plus que les murmures de la puce, et entre dans les flots, où il disparaît ...à Malin, Malin et demi ! » …
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CHIENChienChienChien, rienChien, plus rien,Chien, chienne de mémoireChien, qui ne te laisse rien, qui ne t’a rien laissé.Chien d’oubli,Chien, regard de chien,Chien errant,Chien battu,Chien, battu, ce regard de chien …Chien fou, hurlant comme un fou,Chien idiot, qui obéit, comme ceChien d’homme, à sesChiens d’instinctsChiens de sauvages instincts,Chien d’homme sauvage,Chien d’homme qui aimait les sauvageonnes.Chien puant, chien d’ordure,Chien de rien.Chien de « rien ne s’est passé »,Chien de silence,Chien de plomb, chien de petit soldat perdu.Chien de chasse,Chien d’homme chasseur,Chien de chasseur d’innocence.Chien, à en crever,Comme une chienne.
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Après l’audition de : « Coin de rue », de Charles Trenet.Ma rue, c’était la rue de Lyon, cernée par l’église Saint-Louis et l’hôpital des armées. Une rue très vivante grâce à la présence de halles, les halles les plus chics de Brest, dans ce quartier le plus huppé de la ville.Le policier – appelé l’hirondelle – passe à vélo dans une circulation encore assez restreinte, et interpelle joyeusement les gars et les marins qui sortent de « L’abri de la tempête », le bistrot au-dessus duquel je suis né. En face de ce bar, une école en construction, cruel souvenir d’un accident qui me cloua plusieurs semaines dans un landau, le genou blessé…De temps en temps passent encore des marchands ambulants : le rémouleur (« ciseaux, couteaux, affûtés ! », Le marchand d'pillous (les chiffons), et, plus rarement, le joueur d’orgue de Barbarie qui tourne « Coin de rue », de Charles Trenet, en distribuant des feuilles pour les paroles. Moi je circule à trottinette parmi tout ce monde, parmi les filles qui jouent du hula-hoop, et je passe mon temps avec les copains, a escalader les escaliers non terminés des immeubles en construction. Le trolleybus électrique passe doucement, presque silencieusement, semblant poussé par ses trolleys, les perches qui puisent l’énergie sur les câbles suspendus, et qui se décrochent, trop souvent. Dans les petits magasins, tout le monde se connaît, s’interpelle, plaisante, gronde… Une ambiance de village, encore en ce temps-là…Le soir, l’hirondelle est remplacée par une patrouille militaire, bien moins sympathique, et de temps à autre nous avons le plaisir d’entendre des langues étrangères sur le trottoir. Les marins, semblant comploter, se dirigent vers la rue louche qui nous est interdite. Que peut-il bien s'y passer ? « Secret militaire ! », dit mon père…Aujourd’hui, « L’abri de la tempête » est une compagnie d’assurances, et l’épicerie/cordonnerie/boulangerie/crémerie est une banque, mais mes souvenirs sont toujours là.
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ROSEJ’ai taillé mes rosiers, un peu au hasard, car je n’ai pas de connaissances en la matière.Je m’y suis piqué les mains, plusieurs fois, douloureusement. Je leur ai donné de l’engrais, déposé de la paille à leur pied. Je les ai bichonnés, et ils me le rendent bien. Les fleurs éclatent de remerciements, et de belles couleurs chaudes à croquer. Le rosier grimpant a envahi son échelle-support, et il veille majestueusement sur les petites roses trémières. Régulièrement, le sécateur vient cueillir quelques fleurs qui iront garnir un vase du salon, et égayer la maison. Les pétales, une fois séchées, seront de beaux marque-pages, et les souvenirs de beautés éteintes à jamais.Rose, tu es reine de l’éphémère, et c’est ce qui te donne toute ta valeur.Loïc, juin 2005
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"A la lisière des trois pays et des deux mondes" conte de Patrik Ewen à Melgven
by Levraoueg Penn ar BedA la bibliothèque de MelgvenVendredi 29 novembre à 19h00Gratuit / Sur réservationAttention ! places limitéesMerci de réserver à l'avance en téléphonantau 02 98 50 93 39 ou 06 37 86 88 38Patrik Ewen regarde en souriant ses voisins, ses héros, sortir de la foule et s'avancer vers la légendePlus d'1h30 de spectacle durant lesquelles, Patrik Ewen, le conteur, nous tient à la gorge qui éclate de rire ou étouffe un sanglot.Tous les sentiments y passent. Car ici, et à travers ses paroles, nous naissons, nous nous marions, nous mourons, nous contrebandons au large de la Floride et nous rencontrons Arthur et le Petit Jésus au fond d'une bouteille de whisky.Et surtout, nous sourions, nous rions à la façon, à la suite d'un Raymond Devos breton.En savoir plus :
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"Mange ce que tu veux,
quand tu veux
et autant que tu veux,
et si quelqu'un te critique
par rapport à ton poids,
mange-le aussi !"(Merci à Anthony, quelque part sur le Net ... !)
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Dans nos "coups de coeur" : CLARIKASensibilité et humour, écriture simple mais soignée en subtil équilibre avec la musique, sens évident de la scène, Clarika fête ses vingt ans de chanson le jeudi 28 novembre au Trianon (Paris) en compagnie de nombreux amis artistes. En début d’année est paru son sixième album, La Tournure des choses.Lire et écouter, dans le blog "CQTC" (Chansons que tout cela), ICI
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Soizic Gourvil et Filip Forgeau bientôt sur scène à Fouesnant !
by Levraoueg Penn ar BedLe 29 mai dernier, les comédiens Filip Forgeau et Soizic Gourvil ont mis en voix les textes écrits au sein des cinq ateliers de la 8ème édition.Au long de cette 9ème édition d’Ados d’mots, ils viendront à nouveau rencontrer les jeunes au sein des ateliers. Ils pourront ainsi mettre des visages sur des noms et s’imprégner de l’écriture de chacun afin de mieux restituer les mots écrits dans une mise en espace sur scène.D’ici là, c’est avec LA MOUETTE qu’ils sont sur scène, de Guéret (23) à Brive (19), en passant par Villeurbanne (69), Sarzeau (56) et à Fouesnant.LA MOUETTE
Par la Compagnie DU DESORDRE
Libre adaptation de l’œuvre d’Anton Tchekhov
Texte et mise en scène
de Filip FORGEAULe Jeudi 28 Novembre à 20h30
A l’Archipel, Centre des Arts et des Congrès, Fouesnant
Avec : Laurianne Baudouin, Marie-Noëlle Bordeaux, Fabrice Carlier, Marc Duret, marianne Epin, Filipe Forgeau, Jean-Yves Gautier, Soizic Gourvil, Serge Renko.
Scéno : Christophe Delaugeas/ Costumes : Carole Martinière/ Son : Lionel Haug/ Lumières : Isabelle Picard
Coproductions : la Fabrique/ Scène convientionnée de Guéret ; L’archipel/ Fouesnant ; Les Treizes Arches/ Scène conventionnée de Brive.
La compagnie du Désordre est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication/ DRAC Bretagne
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« La dernière fois que je l’ai vue, elle était dans la cuisine ... ! »Nous courons, Annie et moi, dans tous les sens. Au début, nous nous bousculions, éperdus, puis nous nous sommes disciplinés. « Mais je te dis qu’elle était dans la cuisine ! »Surmontant la panique, qui commençait à me gagner, je me suis précipité dans le garage, je l’ai ouvert d’un grand coup de pied dans la porte, et j’ai coupé l’interrupteur général et l’arrivée de gaz. J’ai vérifié que les deux enfants étaient bien restés à l’abri dans la voiture, au loin, puis je suis parti au bord de la route, tandis qu’Annie s'époumonait : « je te dis que la dernière fois que je l’ai vue, elle était dans la cuisine ! »Au bord de la route, j’attends fébrilement l’arrivée des pompiers. Puis, enfin, la sirène…Alors, je reviens, je cours à la cuisine. Un bruit, un grondement assourdissant… J’entr'ouvre la porte : Caline, notre épagneul, bondit de sous la table, sur laquelle est déjà descendu le lustre-suspension, complètement fondu. Encouragé par l’appel d’air, le feu reprend de plus belle.« Je t’avais dit qu’elle était dans la cuisine… »Les pompiers entrent, Caline hurle, le pelage grillé… Nous fondons en larmes.LOIC
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pourpourpourpour la vie qui vapour quand elle va bienpour quand l’enfant est joyeuxpour car il me dit qu’il m’aimepour que sa maman reviennepour pour toujourspour toujourspour que le soleil reviennepour faire briller son regardpour l’éternitépour ah ouipourpourpourLOIC
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D’après « contre », de Mitsuharo Kaneko : « et vous vous êtes contre quoi, et pour quoi ?… »Au début, on est pour. Pour la bagnole qui démarre sans rechigner, quand le matin gèle. Pour l’enfant qui dit oui, sans se plaindre, sans moufter, car il a trop peur. Puis on est contre, parce qu’il a peur, l’enfant. On est contre cette lâcheté, qui ose nous permettre d’être aussi odieux.Contre toutes les abominations les plus abjectes, mais si elles m’arrangent, je suis pour…Je suis contre tous ceux qui sont pour, systématiquement pour, pour obéir, pour ne pas se poser de questions, pour bien dormir, blotti. Pour se blottir entre les lectures à l’eau de rose et les histoires lénifiantes. Être contre tous ceux qui ferment les yeux (c’est si facile). Être pour qu’on mette l’autruche au menu de tous les festins.Racisme, xénophobie, exploitation, antisémitisme, homophobie… Tous des mots en « contre » !Mais si l’on veut se remuer « pour », n’est-il pas nécessaire de commencer par faire une liste de ses propres « contre », pour en être mieux convaincu ? Ensuite – et ensuite seulement – on pourra affirmer : « Je suis pour », ce qui est tout de même bien plus positif !
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Il m'est arrivé ce matin une "aventure" qui sur le coup m'a mis plutôt
en colère, mais qui déjà me fait sourire, et m'inspire ... :
Je m'étais promis (et l'avait annoncé à Françoise) de venir à l'atelier
d'écriture, où je vous aurais retrouvées.
J'ai donc pris ma voiture, direction de l'ancienne école du Quinquis.
C'est un itinéraire que je connais bien, pour avoir travaillé maintes
fois en ce lieu à présent désaffecté.
Y parvenant : un gars, passant le portail avec des paquets sous le bras,
m'informe que "l'atelier d'écriture ? ce n'est pas ici, c'est au pôle
associatif, en haut : vous prenez une petite route à droite, et vous y
serez ..."
Je décide de ne pas me rendre au "pôle associatif", car je sais que
celui-ci se trouve au centre-ville de Fouesnant, et non au Quinquis.
"En haut" ? je suis perplexe, le terrain local étant passablement tout à
fait plat !
"une petite route à droite" ? il n'y a que des petites routes, à
Beg-Meil, comme à Mousterlin, et très souvent sans aucun panneau indicatif !
"Les chemins bretons sont des fantaisistes", écrivait Jos Parker : eh
ben … c'est vrai !
à se tordre (le cou), ou de rire ?
à une autre fois peut-être, avec une adresse plus précise ?
Du coup ... cela m'a donné l'occasion ... d'écrire un texte !LOIC, oct 2013PS : Au fait, de quel atelier d'écriture s'agit-il ?
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Rêve d’enfance …Parfois, un paquebot faisait escale au « Pordeu » (le port de commerce de Brest), pour une visite touristique de la région, et je m’attardais, oubliant souvent l’heure, devant les passerelles, les bastingages où passaient de beaux messieurs en livrées d’un blanc immaculé : les stewarts.Je jouais à deviner le pays d’origine du navire, observant l’allure et les visages de ces hommes, puis du nom sur la coque, et enfin (mais trop facile !) le pavillon arboré à la poupe.Comme beaucoup d’enfants nés dans un port, je rêvais de la mer, tel Marius dans la trilogie de Pagnol, et l’imagination m’aidait bien rapidement à être dans la peau d’un de ces stewarts au zèle professionnel, au service de personnes fortunées, qui passaient leur vie à bord, traversant les mers du globe. Et, bien évidemment, j’étais royalement reçu, dans les ports les plus prestigieux … Enfin, je ne pouvais pas résister – et ne le tentait d’ailleurs pas - au prestige de l’uniforme !Or : Je me souviens qu’un jour nous devions, en classe de CM2, évoquer la
profession de nos rêves. Aussitôt, j’avais répondu : « Stévard ! », ignorant la prononciation anglaise. Le maître, bien sûr, avait souri … Je corrigeai donc immédiatement le tir en m’exclamant : « Non ! instituteur ! »Et le maître de rire : « Ah, ce n’est pas la même chose, dis donc ! » Dès lors, stewart devint la profession du rêve, et instituteur celle de la sagesse …Loïc, juin 2006
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Aujourd’hui, c’est jeudi, et grand-père nous fait faire la promenade de ce jour sans école. Après avoir tiré son panier à roulettes dans les divers commerces du quartier, nous finissons par la boulangerie-pâtisserie. Nous admirons les petits pains que nous aurons le droit de savourer tout à l’heure, puis c’est enfin le moment des friandises. Chacun d’entre nous reçoit 50 francs (de 1959, bien sûr !) à dépenser comme bon lui semblera. Mini-meringues, souris en chocolat, roudoudous, pschitt acides, et surtout la merveilleuse pastille Valda, le « bonbon-tue-rhume ». Nous allons alors déposer notre petit panier dans la main de la boulangère, qui peut faire patiemment les comptes…Une fois adultes, nous avons reproduit ces moments magiques auprès de notre progéniture, et les virées à la plage ont toujours été accompagnées, au retour, d’un passage obligé à la boutique à bonbons. Instants irremplaçables aux rituels sacro-saints, hélas inexistants à présent car la boutique magique a laissé place à un distributeur bancaire et à une crêperie.Même l’Ile-Tudy devient une ville, à notre désespoir. Il ne nous reste qu’à attendre quelques années pour que nos petits-enfants nous donnent le prétexte de retrouver un de ces magasins inoubliables…
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Juliette Gréco. En concert samedi à Brest
Elle est un mythe de la chanson fançaise, mais n’en a cure. À 86 ans, la rieuse Juliette Gréco demeure un modèle de fraîcheur et de passion. Elle se produit samedi au Quartz de Brest.
Qu’allez-vous interpréter à Brest ? Avec plus de 60 années de chansons, est-ce un casse-tête de composer le programme d’un concert ?
C’est épouvantable ! C’est d’autant plus difficile qu’à chaque fois qu’on sort un nouveau disque, il faut sacrifier d’anciennes petites chéries (rires) ! Il y a une longue histoire quand même ! En concert, ça va des débuts, « Jolie Môme », jusqu’à aujourd’hui. Il y a de tout ! Brel, Ferré, Gainsbourg, des chansons que les gens aiment comme « Un petit poisson, un petit oiseau », « Déshabillez-moi », des nouvelles aussi.
Et pour les chanter sur scène, vous avez un pianiste de légende à vos côtés, votre mari, Gérard Jouannest !
Oui, c’est un privilège pour moi, et un bonheur pour les spectateurs, parce qu’il est magnifique en tant que pianiste, accompagnateur, compositeur.
En tant que compositeur, son nom est d’abord associé à celui de Jacques Brel...
Absolument : leur première chanson commune a été « Ne me quitte pas ». Ensemble, ils ont fabriqué des monuments !
Qu’est-ce qui vous donne envie de continuer à faire de la scène ?
La passion. Ma vie à moi n’est faite que de cela. Hormis les aléas de la vie, de la santé que je ne contrôle pas (mais les médecins s’en chargent quand j’ai besoin d’eux), je ne fais que ce que j’aime. Je suis tombée amoureuse de ce travail très tôt et cela ne se dément pas. Je ne vis qu’à coups de colère et d’amour ! Je suis insupportable : je suis déchaînée, je bouge tout le temps. Je n’ai jamais su me reposer !
Quel est votre public d’aujourd’hui ?
Contrairement à moi, mon public rajeunit ! Depuis quelques années, il est même très jeune : c’est miraculeux ! Parce que je ne chante pas « Poum poum tralala » (rires), même si ce serait tout à fait respectable. Non, la raison est que j’ai de bons auteurs.
Et que vous êtes indémodable...
Ils sont indémodables. Que ce soient les musiciens, les paroliers, ils ont écrit des choses magnifiques, qui le restent et le resteront tant que la chanson existera. Brel, Brassens, Barbara, Aznavour... Ces gens-là resteront. Moi, mon métier, c’est interprète.
Mieux qu’une interprète : vous avez été et demeurez la muse de grands auteurs !
Oui, je suis une « icône », je suis une « muse » (grands rires) ! Non : j’ai eu la chance qu’ils ont aimé ma manière de chanter, le personnage que je suis. J’ai une histoire riche et longue de rencontres et de bonheurs.
Comme lorsque Serge Gainsbourg vous a écrit « La Javanaise ». Vous la chanterez à Brest ?
Bien sûr, on ne peut pas s’en séparer.
Votre dernier album, « Ça se traverse et c’est beau... », est inspiré par le ponts de Paris. Alors, si vous-même étiez un pont, que relieriez-vous ?
Je ne suis pas un pont ! Enfin, peut-être. Miossec me dit : « Gréco, c’est une passeuse ». Il n’a pas tort : je prends le trésor d’un côté du pont et le transporte de l’autre.
Vous chantez samedi dans sa ville de Brest : que pensez-vous de Christophe Miossec ?
Je l'adore ! Miossec représente quelque chose de très profond en moi, de très vivant. J'aime cet être humain-là. Et j'adore la manière qu'il a de raconter les choses de la vie. Il est magnifique ! Quand je l'ai rencontré, il n'était pas encore très connu.
Il vous a écrit des chansons. Il a aussi collaboré avec Gérard Jouannest, sur son album « L'étreinte ».
Ils ont travaillé de belle façon. Ils s'aiment bien tous les deux.
Quand sortirez-vous un nouvel album ?
Le 21 octobre : ce sera un hommage à Brel. Avec des choses que je n'ai jamais chantées, et d'autres que j'interprète depuis très longtemps. Je suis la seule personne pour qui Brel ait écrit des chansons ! C'est assez curieux. Cela ne voulait pas dire grand-chose il y a 56, 60 ans, mais aujourd'hui, ça a pris une autre dimension.
Que faut-il retenir de Brel ?
Il a traité tout ce qu'il y avait d'important dans la vie : il l'a écrit, il l'a mis en chanson. C'est très compliqué ! Ses chansons sont des tableaux. C'est le cas d' « Amsterdam ». Et « Les vieux », ça me bouleverse ! Sa chanson « Chez ces gens-là », c'est un tableau de l'époque flamande, d'une force extraordinaire. Mais je ne peux pas en garder qu'une, je les aime trop !
Laquelle vous a-t-il écrite en premier ?
La première que j'ai chantée, c'est « ça va (le diable) » : une chanson prémonitoire, toujours d'actualité. Il y traite de tout ce qui se passe en ce moment. Avec une profondeur, une couleur, une force extraordinaires. Mais la première qu'il a écrite pour moi, il l'avait commencée en pensant à Bardot. Elle s'appelle « Vieille »... J'étais très jeune ! Bardot ne l'a pas voulue : elle ne voulait pas chanter : « C'est pour cela, jeunes gens, qu'on fond de moi s'éveille le désir ardent de devenir vieille ». Ni : « je voudrais qu'on m'aime pour autre chose que mes fesses »... Moi, j'étais vachement motivée (rires). C'est dans ma nature.
Dites-vous toujours que détestez l'âge adulte ?
J'aime l'enfance, j'aime la jeunesse. J'aime ceux qui restent à l'affût de tout : à l'affût de l'autre, de ce qui se passe. L'adulte qui juge me révolte ! On n'a pas le droit de juger. Enfin, à part si c'est le métier !
Impossible de ne pas poser la question à une meilleure connaisseuse que vous : qu'est-ce qu'une bonne chanson ?
C'est une bonne pièce de théâtre, qui raconte une histoire, avec un début, un milieu et une conclusion. Ou un beau manifeste. C'est une chose concrète : la plus jolie manière de créer. Et de dire « Je t'aime ». Les chansons sont un lieu de rencontres. Des femmes m'ont dit, j'ai rencontré mon mari sur « Déshabillez-moi ».
Voilà un bon début !
C'est normal (rires).
Avez-vous des affinités avec la Bretagne ?
Malheureusement, j'y vais rarement, et je ne sais pas pourquoi. C'est un pays admirable : il y a une force en Bretagne, une richesse intellectuelle extrêmement puissante. Ma petite-fille a choisi d'y vivre ! A Roscoff, avec un Breton, mais c'est à cause de la Bretagne qu'elle a choisi la Bretagne ! Elle fait son chemin. Elle est traiteur et fait aussi les marchés. C'est une petite personne formidable. Je crois qu'elle mérite d'être en Bretagne !
En concert samedi 5 octobre 2013 à 20 h 30 au Grand Théâtre du Quartz à Brest. 35/38 €. 02.98.33.70.70.- Propos recueillis par Frédéric Jambon (le Télégramme)
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http://www.ty-theatre.com/
à Gouesnac'h (entre Quimper et Bénodet, dans le Finistère)
Samedi, à 20 h 30, et dimanche, à 16 h, Ty Théâtre propose un spectacle intitulé « Les poètes ont toujours raison » avec François Le Roux, pianiste, chanteur, auteur et interprète et Mathilde Chevrel, violoncelliste, violoniste et accordéoniste. Rêves d'amour, poésies d'espoir et de désespoir, le sentiment amoureux est exprimé dans les textes avec la force lyrique, inhérente à la passion qui porte les êtres au firmament du bonheur et les plonge dans des abîmes de souffrance. Mais l'amour est aussi affaire d'idéaux, de révolte contre un monde qui détruit l'être en le réduisant à des données comptables ; ainsi le poète chante son refus de se plier aux carcans matérialistes dans lequel on veut enfermer la liberté de penser, avec une verve cinglante et une ironie mordante. Des influences de Léo Ferré à Claude Nougaro, dans le phrasé mélodique des textes, une interprétation physique qui n'est pas sans rappeler l'intensité émotive de Jacques Brel, le goût du swing version Yves Montand, Gilbert Bécaud ou Michel Jonasz... les mots sont aussi musique qui marie le désir de partage, de rencontre, de fusion entre toutes les sources musicales auxquelles s'abreuve le poète depuis l'enfance, Debussy, Chopin, Ravel, Fats Domino, Louis Jordan, Louis Prima... et le maître parmi tous : Ray Charles. Talentueux pianiste, François Le Roux raconte ses histoires au cours de concerts dans lesquels le public est porté par un véritable flot émotionnel. En duo, il est accompagné par Mathilde Chevrel, multi-instrumentiste qui alterne le violoncelle, le violon et l'accordéon diatonique dans une palette musicale riche et variée.
Pratique Entrée : 10 €. Réservations au 02.98.54.63.31 ou 06.84.08.36.00.
("le Télégramme", 26/09/13)
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La bande-annonce : http://vimeo.com/68214989La programmation de l'Edition 2013 duFestival de Cinéma de Douarnenez :
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