• "L'autre", toujours l'autre ... Tu m'as, tout au long de ma vie, invité (forcé) à me tourner vers l'autre. J'ai souvent parlé de toi, tu sais, car tu me rendais malade, moi qui me persuadais 
    de ne pas en faire assez.
    Des associations de malades, divers organismes de solidarité (Croix-Rouge, Restos du Coeur, Donneurs de Voix ...) ne m'ont pas satisfait : J'étais toujours "Monsieur Plus". J'ai même (mais peu de temps !) touché au monde redoutable de la politique. J'avais une devise, celle du Secours Populaire Français : "Tout ce qui est humain est mien" ...
    Je t'ai quitté, altruisme, abandonné sur l'insistance de mon médecin qui m'a convaincu de "penser à moi", elle m'a aidé à admettre que si l'on n'est pas - ou plus - altruiste on n'en est pas pour autant égoïste. "Un peu de modestie, aussi, et évadez-vous donc de ce cocon de bonne conscience ..."
    Penser à soi, pour accueillir l'autre, se montrer plus disponible, se fixer des limites de sécurité. Car tu peux, altruisme, rendre très malade.
    Tu m'as souvent aidé à me supporter moi-même. Tu as fait preuve d'une patience inouïe envers moi et mes envolées lyriques, tu as su me donner les éléments pour comprendre sans juger. Tu en as profité pour me rappeler aux principes de vie de mon éducation judéo-chrétienne, que je ne pourrai jamais refouler car ils sont inscrits dans mon ADN.
    Tu m'as, hélas, amené à une négligence aveugle envers mon entourage, incompréhensif à juste titre. J'ai éprouvé, par ta faute, de grandes lassitudes, des déceptions, des révoltes face aux échecs, non acceptés.
    Altruisme, fais en sorte, à présent, que je conserve l'équilibre que tu m'as enseigné. Fais que je ne retombe plus dans les travers du perfectionnisme.
    Fais donc, tout simplement, que je sois plus vivable !
    Loïc
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  • Je suis né au-dessus d’un bistro : « à l’Abri de la Tempête ».
    Ma ville, c’est ma rue, et c’est un terrain de jeux. 


         Les marins et les ports ... ? "Fastoche", pour toi ! pourrait-on me dire. Voire ...

 Fastoche ? Il me serait en effet assez facile de ressasser l'ambiance des romans maritimes, ceux de Pierre Mac Orlan, les chants de marins, et de servir tout chauds des vieux clichés.
 Mais j'écris aujourd'hui depuis les bords de Loire, près d'Orléans : Je viens d'y apprendre - moi qui ne connaissais que les "mariniers" - qu'il existe, ou existait deux marines, sur la Loire : le transport de marchandises, et celui de personnes, présentant de grandes différences dans les modes de travail et surtout dans les mentalités.
 À Brest, quatre "marines" (au moins !) : la Royale (Marine Nationale), celle du Portde (port de Commerce), celle des pontons (la plaisance) et enfin quelques pêcheurs.
    
         Je suis né, baby-boomer, en pleine période de reconstruction d'une ville totalement rasée par les bombardements américains et anglais de la fin de la guerre 39-45, particulièrement ceux du siège, en 1944. Mes parents nous ont parlé, tout au long de notre jeunesse, de cette blessure une tourmente qui les a littéralement traumatisés. Des quartiers disparus, le tram de l'époque, des noms de magasins, le Grand Pont tournant, me sont familiers, même si je ne les ai jamais connus, comme "Barbara", ou la Fanny de Laninon ...
 Il y avait souvent beaucoup de monde, le soir, à "l'Abri de la tempête", dans une rue perpendiculaire à la fameuse rue de Siam. La faune des matafs (marins d'État), qui arboraient leurs bachis au pompon rouge, donnait à l'enfant que j'étais l'impression d'une foule bruyante, animée, mais sympathique et - le plus souvent - joviale et conviviale. Mais parfois jaillissaient des mots, "Indochine", ou"Algérie", et le patron devait briser net les fougueux élans ...
         Je suis né juste au-dessus de ce bistro, dans l'appartement familial, une nuit d'hiver. Je n'ai jamais su s'il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là, ni si la patrouille de la Police Maritime y avait fait une descente. Lorsqu'ils débarquaient, ceux-là, ça ne rigolait pas. Coups de matraque solidement distribués, et ... au poste des punis, après un séjour en cellule de dégrisement ...




         Mon père ne mettait jamais les pieds dans ce bistro. Il n'aimait pas, et on n'appréciait que moyennement sa présence, car il buvait très peu d'alcool. Et surtout : Fallait pas mélanger ! les matafs d'un côté, les ouvriers de l'Arsenal de l'autre, non mais ! Pour leur part, les ouvriers étaient bien plus nombreux à être "casés", pères de famille ... Pas la même vie, pas le même monde.
         Dans ma rue, la rue de Lyon, une fille (une grande, au moins dix ans) fait du hula-hoop pour nous épater (le mot est d’époque). Je crois bien que j’avais le béguin pour elle.
         Devant mon immeuble, une école en construction. Comme toute la ville, d’ailleurs. Partout, des ruines. Parfois, j’entends parler de gens qui ont disparu, volatilisés par une bombe non explosée.
         De ma chambre, je perçois (que n’aurais-je donné pour les comprendre !) les discussions mêlées et bruyantes des ouvriers de l’Arsenal, et parfois dans la rue viennent s’échouer des marins en goguette, qui ont perdu leur cap…
         Régulièrement, passe le rémouleur, avec son triporteur : « Ciseaux, couteaux, coupez ! » ou le vitrier : « Encore un carreau d’cassé, v’là l’vitrier qui passe ! » Nous chantons avec lui… Puis ce sera le marchand de pillou. Lui, avec son sac de pommes de terre sur la tête, nous le craignons un peu…
         Déjà, on voit un nombre assez important de voitures ; celle que je préfère est « celle qui louche » (la Peugeot 102, je crois, qui avait les phares très rapprochés derrière la calandre). Dimanche, nous embarquerons, à six, dans la Juvaquatre offerte par Mémée, qui a gagné à la Loterie Nationale (un billet entier des Gueules Cassées, s’il vous plaît). Direction la côte nord, Argenton, ou Porspoder, les « montagnes russes », les vaches au derrière couvert d’une croûte qui nous fait, c’est une tradition, nous boucher le nez et leur tirer la langue. Chaque fois que nous passons devant un calvaire (c'est à dire à chaque carrefour ou presque), Papa fait un signe de croix.
         Parfois aussi, nous quittons notre fief pour livrer bataille contre ceux de la rue Colbert (les fils de la Haute, les enfants d’officiers). C’est qu’il faut le défendre, notre domaine ! Ou alors, nous nous risquons encore plus loin : Rue Jean-Jo (Jaurès), où, le jour de la Fête des Cornemuses, je suis effrayé par les Grosses Têtes, qui veulent m’attirer vers elles. Plaisirs suprêmes : monter « dans l’escalier roulant » des Nouvelles Galeries, ou aussi remplir, à la tirette, les bouteilles de vin. 
         La dernière image inscrite dans ma mémoire de cette rue de Lyon est, tout au fond, inaccessible, l’Hôpital des Armées, dont le portail s’éloigne, alors que nous déménageons vers un « Petit-Paris » inconnu, presque la campagne, sur la route de Paris.
    J’ai sept ans, en 1959. Brest, la suppliciée, se fait reconstruire, lentement, vaillamment.
        ..... 2017. Le nombre d'ouvriers de l'Arsenal s'est réduit comme peau de chagrin. On ne reconnaît plus les matafs dans les rues, car ils sont en civil. La curiosité est attisée lorsque l'on croise un marin étranger en escale : le jeu consiste à reconnaître le pays à l'uniforme.
 Durant mon adolescence, et plus particulièrement en 1968, je ne voulais plus entendre parler des bateaux gris, car j'étais, comme beaucoup alors, pacifiste et antimilitariste. Dans le premier port militaire français, cela faisait un peu désordre ...!

         Mon amour (le mot n'est pas trop fort) allait au port de commerce. Les noms des navires, leurs pavillons, leurs équipages, que je rencontrais sur les quais, m'invitaient aux voyages, comme un Marius breton. Je restais de longs moments à tenter de deviner l'origine du bateau, sa cargaison, creusant ma mémoire des cours de géographie économique et humaine.
 J'ai depuis, bien sûr, rangé la Mobylette qui, à défaut des océans, me menait presque tous les jours au Portde.
Les tas de charbon ont disparu, les petits bistros aussi. Une grande salle d'animations culturelles les a remplacés.
 Perte de l'âme d'une ville ? Nostalgie, quand tu nous tiens ... Qui a écrit "sans passé nous n'avons pas de présent" ?


         Ah, j'oubliais : "À l'abri de la tempête" est à présent une agence du "Crédit Patate", comme on dit à Brest.
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  • MADELEINES

    Toquer à la porte comme il faut,
    comme on nous l'a appris, 
    doucement, car elles dorment peut-être,
    Sieste du dimanche oblige ;
    Respect.
    Entrer seulement quand nous y avons été invités,
    Chausser les patins,
    s'asseoir sur une des chaises en velours moelleux,
    Toujours la même, toujours à la même place ;
    C'est plus simple et ça évite les disputes,
    Elles n'aiment pas les cris,
    Ne sont pas habituées aux enfants.
    Une bonne odeur de thé nous parvient,
    Mais ce n'est que pour les grandes personnes.
    Regarder alors la grande soeur qui partage,
    Il lui faudrait presque une règle,
    La grenadine.
    Au beau milieu de la table, une corbeille,
    de madeleines, Joëlle ne les aime pas,
    "Elle ne sait ce qu'elle perd" a dit Madeleine.
    Elle est Tante Madeleine, la soeur de Papa,
    prononcer Tannmat'leine.
    Elles vivent ensemble, Mémée Marie et elle,
    C'est elle - je n'ai jamais su -
    Qui paie le loyer de l'appartement ?
    Elles vivent ensemble, la mère, la fille,
    Relation fusionnelle.
    Un long mur, tapisserie aux grandes fleurs
    Un peu couleurs cimetière.
    En plein milieu, pour mieux l'adorer,
    le Christ, sur un grand tableau sinistre ;
    Il a la poitrine percée, en sort un coeur sanguinolent,
    "Coeur sacré de Notre Seigneur".
    Tante Madeleine nous a dit que c'est écrit en breton, 
    Mais "je ne me souviens pas des paroles",
    Ai-je déclaré un jour, et ils ont tous ri.
    De chaque côté du Jésus,
    Le grand-père que je n'ai jamais connu, Mathieu.
    En militaire de 14/18.
    Mort en 1934 "des suites de gazage",
    On m'a expliqué tout ça plus tard.
    De l'autre côté, Auguste,
    le frère de Mémée, 
    En militaire de 14/18,
    Mort au combat deux semaines avant l'Armistice.
    Mémée ne s'en est pas encore remise
    Et sa vie est auprès d'eux et d'elle, Madeleine,
    Et elles prient, souvent, profondément,
    Et elles vivent, pieusement.
    Mémée m'a offert un Missel, qui appartenait à son oncle
    Vivant au temps de Napoléon III, et portant mon prénom.
    Le dimanche, c'est fête, toujours.
    C'est sacré, la famille, c'est un don de Dieu, disent-elles.
    La grenadine et la madeleine, les cadeaux hebdomadaires.
    Et puis le Gramophone, oui un vrai,
    On a le droit d'y toucher, d'en remonter le mécanisme,
    C'est encore mieux quand un disque est en mouvement
    pendant qu'on tourne la manivelle.
    Des 78 tours, de l'opéra, et puis des chanteurs du temps.
    La "voix de son Maître" est venue plus tard, moderne,
    Avec deux haut-parleurs, et un changeur de 45 tours,
    Pensez-donc !
    Tante Madeleine est à l'aise,
    "Agent d'assiette des Impôts", ça classe, même si
    (surtout) quand on ne sait pas ce que c'est ...
    Elle se fait, elle nous fait des cadeaux :
    Chaque dimanche, c'est musique classique.
    Tous les grands, elle les possède, et se fait
    Une joie immense de "nous les apprendre".
    Avec des commentaires, mais toujours après la musique,
    Jamais pendant, ça tue le plaisir.
    "Deutsche Grammophon", ce nom me berce et m'emporte.
    Elle s'est offert, pour être dans le vent,
    Quelques 45 tours, choisi un peu au hasard :
    John William, Richard Antony, Gilbert Bécaud,
    "Qu'elle est dure à porter, l'absence de l'ami ..."
    Silence complet, apprécier, ou supporter pour ceux qui n'aiment pas ;
    En tous cas ne pas se lever :
    Le moindre mouvement fait pleurer les lames du parquet
    Et le bras, avec son diamant, pourrait rayer le disque !
    La séance musicale pouvait durer tout l'après-midi, 
    jusqu'à ce que la télévision la remplace peu à peu ...
    Puis Tante Madeleine s'en est allée, tchip tchip 
    le chuintement des chaussons
    Le thé, la madeleine, la grenadine.
    Mes frères et soeurs en ont aussi gardé
    Les odeurs, les sensations, les délices,
    Le bonheur.


    Loïc. J'ai trouvé ce sujet sur Impromptus littéraires.
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  • <article class="post-5298 post type-post status-publish format-standard hentry category-a-partir-dun-texte-dun-ou-plusieurs-mots-dune-phrase" id="post-5298" style="background-color: white; border-bottom-color: rgba(0, 0, 0, 0.0980392); border-bottom-style: double; border-bottom-width: 4px; color: #444444; font-family: 'Open Sans', 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 20px; line-height: 30px; margin: 0px 0px 3.5em; padding-bottom: 1.5em; transition: opacity 0.3s linear;">

    <article class="post-5298 post type-post status-publish format-standard hentry category-a-partir-dun-texte-dun-ou-plusieurs-mots-dune-phrase" id="post-5298" style="border-bottom-color: rgba(0, 0, 0, 0.0980392); border-bottom-style: double; border-bottom-width: 4px; font-size: 20px; font-style: inherit; line-height: 30px; margin: 0px 0px 3.5em; padding-bottom: 1.5em;"><header class="entry-header" style="font-weight: inherit; transition: opacity 0.3s linear initial;"></header>
    Des titres de chansons : Je chante, la mer : Charles Trenet – sous les ponts de Paris, à bicyclette : Yves Montand – il suffirait de presque rien, ma liberté : Serge Reggiani – avec le temps : Léo Ferré – auprès de mon arbre, les copains d’abord : Georges Brassens – dansez sur moi : Claude Nougaro – Z’avez pas vu Mirza : Nino Ferrer – ouvrez la cage aux oiseaux : Pierre Perret – mon truc en plumes : zizi Jeanmaire – les portes du pénitencier, allumer le feu : Johnny Hallyday – si j’avais un marteau, comme d’habitude : Claude François – toute la pluie tombe sur moi : Sacha Distel – comme un garçon : Sylvie Vartan – je n’aurai pas le temps : Michel Fugain – le pont Mirabeau, vivre pour ne pas vieillir : Marc Lavoine – le cimetière des éléphants, la dernière séance : Eddy Mitchell –allô maman bobo, j’ai dix ans : Alain Souchon – les valses de Vienne : Felman – dans la vie faut pas s’en faire, ah, si vous connaissiez : Maurice Chevalier – allez venez Milord, la vie en rose : Edith Piaf –un jour tu verras : Mouloudji – la Mathilde est revenue : Jacques Brel – que serais-je sans toi, c’est beau la vie : Jean Ferrat – elle était si jolie : Alain barrière – les comédiens : Charles Aznavour – salade de fruits : Bourvil – si tu vas à Rio : Dario Moreno – vous permettez Monsieur : Adamo – l’école est finie : Sheila – message personnel : Françoise Hardy – il est cinq heures : Jacques Dutronc – et si tu n’existais pas : Joe Dassin – Cézanne peint, ça balance pas mal : France Gall – oui je crois, j’ai gardé l’accent : Mireille Mathieu – Casser la voix : Patrick Bruel – Belle-Île-en-Mer : Laurent Voulzy – si seulement je pouvais lui manquer : Calogero –Warum : Camillio Felden.
    </article><article class="post-5292 post type-post status-publish format-standard hentry category-a-partir-dun-texte-dun-ou-plusieurs-mots-dune-phrase" id="post-5292" style="border-bottom-color: rgba(0, 0, 0, 0.0980392); border-bottom-style: double; border-bottom-width: 4px; font-size: 20px; font-weight: inherit; line-height: 30px; margin: 0px 0px 3.5em; padding-bottom: 1.5em;">
    Les animatrices de notre atelier participatif « l’Ecume des mots » nous ont proposé aujourd’hui cette liste de titres de chansons, plus ou moins récentes. Nous avons ensuite « travaillé » sur trois consignes :
    – La chanson qui a marqué mon adolescence …
    – Ecrire un texte qui utilisera le plus grand nombre possible des titres proposés …
    </article>
    – Imaginer un dialogue entre deux chanteurs (euses) de cette liste …

    La chanson qui a marqué mon adolescence …
    Au début des années soixante-dix, je commençais à aimer ce qui était un peu « décalé », hors normes. J’étais d’autant plus hors normes que je me trouvais en pleine période de psychédélisme, du festival de Woodstock, complètement à côté de la plaque en ce qui me concerne : je ne suivais pas, en bref ! Je ne supportais pas, par exemple, le « tout-électrique », j’y ressentais beaucoup de violence, de la violence gratuite.
    Je n’appréciais pour ainsi dire que des chanteurs et chanteuses qui auraient pu être mes parents : Brassens, né en 1920 comme mon père, mort en 1980 comme mon père. Mouloudji berçait, de sa voix chaude, mes fantasmes.
    « Un jour, tu verras, on se rencontrera … » Rêve éternel de l’amour, ou rêve de l’amour éternel, peu importait, seul comptait l’Amour !
    J’alternais – car je chantais souvent dans l’appartement – cette chanson avec une curieuse plainte, de Serge Reggiani : « La femme qui est dans mon lit n’a plus vingt ans depuis longtemps … » Ma mère adorait reprendre « un jour, tu verras » avec moi, nous chantions en échangeant nos regards. Par contre elle éclatait de rire quand j’entonnais la femme qui … Mais pourquoi donc ?
    – « Tu ne les as même pas encore, toi ! »
    Loïc
    <footer class="entry-meta" style="clear: both; color: #888888; font-size: 1.1rem; opacity: 0.6; transition: opacity 0.3s linear;">
    </footer></article>
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  • Par la fenêtre, je vois le brouillard, familier, habituel, un compagnon de voyages, de rêvasseries en échappées, d'espoirs en illusions.
    En bas, des jeunes femmes poussent les landaus ou les poussettes, sur une belle allée plantée d'arbres alignés, plantés après la guerre pour tenter d'apporter un peu de vie et d'espoir en l'avenir à la ville meurtrie. Au loin, là-bas, la terre pénètre l'Atlantique. Depuis que papa a pu offrir à notre famille une 203 « commerciale », nous nous rendons parfois sur cette presqu'île, notre lieu d'évasion. Quelques kilomètres par la mer, mais cent par la route !
    Une terre encore épargnée de tous les tracas de la ville "béton-bitume", fracassée, que les habitants ont réinvestie, se frottant les yeux pour effacer à jamais les démons et les traumatismes.
    Sur notre presqu'île aussi naissent des enfants, des baby-boomers, et ils courent à travers les champs, en chantant, et même en sifflant : Je suis si fier d'avoir appris !
    Ici, autour du calvaire, nous nous ressourçons autour d'un vrai paysage de Bretagne. Les femmes en noir qui sortent de l'église puis s'assoient pour commérer sur les bancs de pierre ont toujours été là, n'ont pas interrompu leurs conversations, jamais, semble-t-il. Tout est couleurs, calme, sérénité. Devant le collège privé, les "Frères à quatre bras" accueillent les adolescents en culotte courte qui accourent comme des piafs.
    Les jeunes du bagad Bleuniou Sivi ("fleurs de fraises") accordent consciencieusement leurs cornemuses : fini le calme, mais bientôt le concert !
    Mais ... Mon regard s'était perdu dans le vide.
    Une image apparaît, furtive, incongrue, très dérangeante, menaçante. Un fantôme ? un mirage ? Un cauchemar ?
    Fermée, la fenêtre; tirés, les rideaux.

    Ce sous-marin est venu tout gâcher.
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  • Une femme qui m'a marqué …

    Sa voix chaude, souvent grave, pouvait aussi être profonde et pleine de chaleur humaine. Elle a enchanté mes études et mes rêveries solitaires à la maison. On l'entendait partout, à une période où les smartphones, MP3 et autres étaient du domaine de la science-fiction. Philips venait de sortir les mini-K7, un luxe pour la plupart d'entre nous.
    Elle me semblait universelle, et il m'était inconcevable qu'elle puisse ne pas plaire. Je crois bien que j'en étais un peu amoureux… Non, j'en étais fou perdu !
    Elle chantait les espoirs, les luttes que je rêvais de partager à deux.
    Me revient à l'esprit un concert qui avait duré une bonne partie de la nuit, en direct à la radio durant le bombardement de Hanoï, que nous vivions en empathie totale, elle et moi.
    Merci, Madame Joan Baez, pour ce moment inoubliable qui a marqué mes 18 ans, « au point de m'inciter à faire de gros efforts pour progresser en anglais » avait dit le prof !
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  • Devant les murailles de Tolède, l'autocar s'est arrêté, à bout de souffle.
    Je m'éveille, la langue pâteuse, l'esprit bien embrumé. C'est un autocar chargé d'adolescents, qui font partie d'un « camp de vacances » en Espagne. Déjà un arrêt a eu lieu ce matin, vers onze heures trente, pour le déjeuner. Déjà, sous l'effet de la chaleur, les boîtes de conserve du repas étaient gondolées, et nous avons tous éclaté de rire quand une boîte de sardines a laissé gicler son jus, à l'ouverture. Nous nous sommes résignés, faute de mieux, à avaler les sardines chaudes, écoeurantes, infâmes… Toutes nos activités sont centrées, dans ce camp, autour de la météo, de ce soleil obsédant, toute sont tributaires de cette chaleur insupportable, accablante.
    L'autre jour, pendant la visite de Madrid, nous étions occupés à acheter des cigarettes à l'unité lorsque trois d'entre nous ont été victimes de malaises et de coups de chaleur. Nous voulons nous départir de nos vêtements, mais en Espagne - en 1967, le « Caudillo » Franco est encore au pouvoir… - il est interdit de se promener en T-shirt et en short à proximité des églises. Nous subissons, donc.
    Nous voici à présent en face de la cité de Tolède, de l'autre côté du Tage, à nos pieds. Nous avons écouté les explications d'un guide très fatigué à la voix monotone, au français bien approximatif. Notre écoute est très difficile, car beaucoup d'entre nous sont accablés par la chaleur, certes, mais aussi  par le petit verre de sangria absorbée à la fin de la visite des fabriques d’épées…
    Nous ne les avons pas vus tout de suite, mais le son du mélodéon s'est fait entendre peu à peu, grossissant et semblant rebondir comme un écho entre la ville et la colline. Ils sont deux. Un vieil homme, le musicien, porte un costume de paysan andalou, très usé, au pantalon rapiécé et râpé aux genoux. Son boléro pend lamentablement sur une chemise rouge et sur un ventre bedonnant. Sur sa tête, un immense chapeau mexicain. L'enfant, lui, porte une tenue plus quelconque, jeans et T-shirt. Il porte une ceinture garnie d'un porte-monnaie en cuir, qu’il garde précieusement. Tous deux sont placés de part et d'autre d'une charrette tirée par un âne gris au poil très long. Très rapidement, j'imagine que le vieil homme est le grand-père du garçon, et que celui-ci est sans doute orphelin. Le film de Joselito me revient ainsi en mémoire. La carriole est chargée d'objets divers, destiné aux touristes : petites épées, églises miniatures faiseuses de neige, petits harmonicas… Le vieil homme a fini de jouer, et le jeune garçon tend le chapeau de son grand-père. Mais… ce qui devait se produire : le paiement n'arrive pas. Un groupe d'adolescents bien échauffés se moque du duo, secoue la carriole et les deux personnes, en leur criant de déguerpir. Le jeune garçon tente bien de les calmer, de les retenir, rien n'y fait. Alors un des adultes responsables fait monter tout le monde dans le car, qui démarre rapidement.
    Dernière image : Le jeune garçon court derrière le car, brandissant un cageot d'abricots, il crie, pleurant à chaudes larmes.
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  • Je n'oublierai jamais.

    Je n'oublierai jamais le petit cadre carré en plastique de couleur crème, seul ornement du mur de ma chambre, juste au-dessus de mon lit, avec son petit « Jésus chérubin ». Je lui faisais chaque soir un baiser, après ma prière. Je disais « la photo du jus », et ma mère riait. Je pouvais alors m'enfoncer sous les draps, après le rite du « faire un trou ». 
    Je n'oublierai jamais le carillon des billes qui s’entrechoquaient sur la cour de récréation, ni les courses cyclistes des capsules, parées du drapeau du pays des concurrents. Mon idole était un certain Rudi Altig, parce que j'aimais bien son nom. Les copains ne l’aimaient pas, et me reprochaient d’aimer un Allemand.
    Je n'oublierai jamais le grammophone de ma tante. Nous avions le droit de le mettre en marche, en tournant la manivelle, la reprenant lorsque le disque ralentissait. Mais défense de marcher auprès de la machine, dont le gros bras, très lourd, pouvait causer des rayures. Puis cet antique grammophone fut dépassé, et c'était tant mieux car il ne pouvait accueillir que des 78 tours, et presque uniquement des airs d'opérette : La période yéyé avait débuté, place aux tourne-disques !
    Je n'oublierai jamais que mon père prenait des airs de conspirateur, arborant son petit sourire malicieux lorsque s’approchait la période de Noël. Je n'ai su que bien plus tard qu'il pouvait, pour l'occasion, utiliser des chutes de plaques de métal à son travail. Le Père Noël m’offrit alors un superbe Tôlé Citroën, comme un vrai, à l'échelle, un grand comme mon bras, gris, avec sur le flanc les lettres DCAN. J'y pense aujourd'hui en regardant le feuilleton « Louis la Brocante »…
    Je n'oublierai jamais que j’ai appris seulement le jour de sa naissance que mon petit frère venait d’arriver. Ces choses-là ne se disaient pas. Je ne m'étais rendu compte de rien…

    Je n'oublierai jamais ?

    Loïc
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  • Voici un diaporama, trouvé sur Youtube, de photos du Vieux Brest, 
    qui parlerait bien à nos parents et grands-parents ... 
    Nos ancêtres évoqueraient pour nous nos oncles ou tantes qui apparaissent ici, devant le bassin du château, ou, en culotte courte, ou promenés dans une poussette, ou ...
    Puissent des mémoires encore bien valides faire revivre ces images de lieux, de moments, 
    si agréables aux yeux de mes parents. 
    Puissent aussi ces précieuses mémoires ne pas oublier la destruction 
    de cette ville-martyre, 
    le berceau de leur enfance.
    Nos familles cherchaient des refuges dans de dérisoires abris, tandis que nos pères assistaient, impuissants, en Allemagne, à la réplique sur Hambourg ou Dresde.
    QUELLE  CONNERIE  LA  GUERRE !

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  • Ah, ce Proust … !

    Il est rentré un peu plus tard qu’à son habitude, car aujourd’hui c’est jour de paie. Il débarrasse soigneusement la table de la salle à manger de nos livres d’école et du journal feuilleté ce matin.
    L’acte sans nul doute le plus cher à ses yeux : il va procéder au cérémonial de la dépose mensuelle du fruit de son travail.
    Mon père brandissait alors son bordereau, le portait au regard de ma mère, et, parfois, lui annonçait, menton levé : « Ce mois-ci, j’ai eu une prime ! » Il s’amusait ensuite, une fois ouverte l’enveloppe de papier Kraft, à en extraire un billet, le triturait, le froissait, le tournait et le retournait, à le soupeser, comme un lingot d’or.
    Deux odeurs délicieuses exhalaient de ses gestes, celle du papier-monnaie, si particulière, et aussi le parfum du cambouis, imprimé définitivement dans les paumes de ses mains.
    Même en retraite, bien plus tard, il tenta d’effacer les stigmates de son métier (qu’il n’appréciait pas forcément tous les jours) : Rien à faire, il serait mécano à vie ! mais, bien sûr, il n’en était pas peu fier !
    Ces deux odeurs, indissociables de sa présence parmi nous, représentaient à mes yeux la plus belle leçon, sans paroles, sur l’importance de l’effort et de la valorisation du travail.
    Puis, le rituel : Il étalait lentement ses billets, respectables comme des objets précieux, tandis qu’à voix haute nous comptions sa paie. Opération délicate, d’ailleurs, car en 1961 venait de naître le NF (nouveau franc) : Mais non, la paie n’avait pas baissé, expliquait maman, rassurante !
    Ses yeux brillaient, quand nos applaudissions. Nous n’y manquions pas, à chaque fois. Pas de mots, il était plutôt taiseux, mais une si grande émotion …
    Loïc
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    « Souvenirs éclatés » : Gourmandises et friandises.

    Au bas de la rue Jean-Jaurès, à Brest, le tramway flambant neuf glisse régulièrement devant la boulangerie-pâtisserie-salon de thé « chez Touz ».
    Longtemps, ne connaissant pas le breton, j’ai pensé que les trésors de ces vitrines n’étaient pas réservés à quelques privilégiés, puisque tous y avaient accès, pour d’abord admirer, prendre le temps, puis goûter … Ce n’était jamais (à mes yeux) les mêmes merveilleux supplices de Tantale. En décembre, un joli petit train électrique louvoyait entre les chocolats et les sucettes.
    L’achat des sucettes, lui, était réservé à la pharmacie. Bien sucrées, bien « vitaminées », cadeau de notre maman, qui avait à cœur de nous consoler de la visite chez le docteur, en nous offrant l’exceptionnel et mystérieux médicament-sucette-bonbon.
    ……….
    Grand-père avait décidé, une bonne fois pour toutes, qu’il ne toucherait jamais à une « rouge » (une tomate, quelle horreur !), ni … à aucun sirop contre la toux, ou autre. Aussi – péché véniel - il s’adonnait en cas de rhume, ou même sans, à sa friandise de rêve : la pastille Valda, dans sa grosse boîte ronde, à l’odeur si attirante.
    Comble du bonheur, lorsqu’il nous en offrait une, avec, toujours, la recommandation : « Attention, ça pique, c’est fort ! »
    ……….
    A l’intérieur des Halles de Quimper nous accueille, surtout par temps froid et humide, le refuge : l’échoppe de crêpes. Odeur de la pâte, fumet qui nous hypnotise. Et ce bruit de craquement des bords de la crêpe, et ce beurre … Tant pis s’il coule partout, tant pis si je dois rattraper tout ce qui tombe, en me brûlant les doigts, après la langue …
    ……….
    La barbe à papa de la fête foraine n’était pas seulement une friandise, mais une arme dont nous barbouillions mutuellement, le dernier à en avoir le visage couvert étant déclaré vainqueur …
    ……….
    Et le mistral gagnant ? déjà fait, celui-là (dommage) par un certain Renaud, avec lequel je ressens des accointances, peut-être parce que nous sommes nés presque le même jour …
    ……….
    Et le sucre, dans tout ça ? Billevesées ! Lorsqu’on se lâche, on ne fait pas semblant, surtout en la présence traîtresse, lors des vadrouilles à l’étranger, des multiples pièges : apfelstrudel allemand, baekehof alsacien, lemon pie anglais, loukoum marocain, boules vietnamiennes à la noix de coco.
    Toutes ces friandises sont liées – comme c’est curieux ! – à des souvenirs heureux, comme les niniches de Quiberon que nous avons fait découvrir à notre belle-fille savoyarde …
    Elle s’en pourlèche encore les doigts.
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  • « Souvenirs éclatés », à l’Ecume des mots :

    Rencontres de vie, avec des animaux.
    ……………………………………..
    Dans le flou opaque de ma première enfance, le gros chien blanc me caresse de ses longs poils, me lèche, et j’aime ça. Un petit ange, blanc lui aussi, veille sur moi, au dessus de mon berceau.
    Autour du grand immeuble, le roquet me poursuit. Affolé, je cours à toutes jambes, une vraie panique, la honte devant les copains.
    Nous avions confié, durant nos vacances, notre petite chienne Chouquette à mes beaux-parents. Ouragan de 1987 … La cabane s’est écroulée, Chouquette n’est plus là.
    Câline, notre « chien de chasse » – mais je ne suis pas chasseur, même si c’est un épagneul breton – s’est échappée. Âgée, elle est sourde et presque aveugle. Crissement de freins, le jeune roulait trop vite, la colonne vertébrale est brisée. L’imbécile se confond en excuses et propose de nous trouver un autre chien … Elle repose dans notre jardin.
    Bien calé dans mon fauteuil, j’ai installé (est-ce bien raisonnable …) Taquine, notre westie toute blanche, sur mes genoux. Elle est bien sûr la plus belle et la plus adorable chienne du monde, mais j’aime tous les chiens.
    Au mur, les photos de mes petits-enfants ont remplacé l’ange blanc.

    Plus rien n’est noir.
    Loïc
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  • Marins, marines.

    Les marins et les ports : voilà le sujet, la « consigne » proposée aux écrivant(e)s de la communauté d'écriture « les croqueurs de mots », qui sera géré cet été par Enriqueta.
    Je ne peux pas rater ça : c'est l'occasion ou jamais de me lancer, de prendre en marche ce grand train d'écritures, ce convoi de personnalités très différentes, et pourtant très liées.
    Marins, ports ... ? "Fastoche", pour toi ! pourrait-on me dire. Voire ...

    Fastoche ? Il me serait en effet assez facile de ressasser l'ambiance des romans maritimes, ceux de Pierre Mac Orlan, les chants de marins, et de servir tout chauds des vieux clichés.
    Mais j'écris aujourd'hui depuis les bords de Loire, près d'Orléans : je viens d'y apprendre - moi qui ne connaissais que les "mariniers" - qu'il existe, ou existait deux marines, sur la Loire : le transport de marchandises, et celui de personnes, présentant de grandes différences dans les modes de travail et surtout dans les mentalités.
    À Brest, quatre "marines" (au moins !) : la Royale (Marine Nationale), celle du Portde (port de Commerce), celle des pontons (la plaisance) et enfin quelques pêcheurs.
    Je suis né en pleine période de reconstruction d'une ville totalement rasée par les bombardements américains et anglais de la fin de la guerre 39-45. Mes parents nous ont parlé, tout au long de notre jeunesse, de cette blessure qui les a littéralement traumatisés. Des quartiers disparus, le tram de l'époque, des noms de magasins, le Grand Pont tournant, me sont familiers, même si je ne les ai jamais connus, comme "Barbara", ou la Fanny de Laninon ...
    Il y avait souvent beaucoup de monde, le soir, à "l'Abri de la tempête", dans une rue perpendiculaire à la fameuse rue de Siam. La faune des matafs (marins d'État), qui arboraient leurs bachis au pompon rouge, donnait à l'enfant que j'étais l'impression d'une foule bruyante, animée, mais sympathique et - le plus souvent - joviale et conviviale.
    Je suis né juste au-dessus de ce bistro, chez moi, une nuit d'hiver. Je n'ai jamais su s'il pleuvait ce soir-là sur Brest, ni si la patrouille de la Police Maritime y avait fait une descente. Lorsqu'ils débarquaient, ceux-là, ça ne rigolait pas. Coups de matraques solidement appliqués, et au poste des punis, après un séjour dans la cellule de dégrisement ...
    Mon père ne mettait jamais les pieds dans ce bistro. Il n'aimait pas, et surtout, fallait pas mélanger : les matafs d'un côté, les ouvriers de l'Arsenal de l'autre, non mais ! Les ouvriers, pour leur part, étaient bien plus nombreux à être "casés", pères de famille ... Pas la même vie.
    Des cris, des bribes de conversations montaient parfois jusqu'à l'étage :
     "Indochine", puis "Algérie" ...

    2015. Le nombre d'ouvriers de l'Arsenal s'est réduit comme peau de chagrin. On ne reconnaît plus les matafs dans les rues, car ils sont en civil. La curiosité est attisée l'orque l'on croise un marin étranger en escale : le jeu consiste à reconnaître le pays à l'uniforme.
    Durant mon adolescence, et plus particulièrement en 1968, je ne voulais plus entendre parler des bateaux gris, car j'étais, comme beaucoup alors, pacifiste et antimilitariste. Dans le premier port militaire français, cela faisait un peu désordre ... !
    Mon amour (le mot n'est pas trop fort) allait au port de commerce. Les noms des navires, leurs pavillons, leurs équipages, que je rencontrais sur les quais, m'invitaient aux voyages, comme un Marius breton. Je restais de longs moments à tenter de deviner l'origine du bateau, sa cargaison, creusant ma mémoire des cours de géographie économique et humaine.
    J'ai depuis, bien sûr, rangé la Mobylette qui, à défaut des océans, me menait presque tous les jours au Portde.
    Les tas de charbon ont disparu, les petits bistros aussi. Une grande salle d'animations culturelles les a remplacés.
    Perte de l'âme d'une ville ? Nostalgie, quand tu nous tiens ... Qui a écrit "sans passé nous n'avons pas de présent" ?
    Ah, j'oubliais : "À l'abri de la tempête" est à présent une agence du "Crédit Patate", comme on dit à Brest.

    Loïc

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  • Entrée dans le Monde

     

    Je vis un gros ballon qui voulait rebondir dir dir dir dir ...
    Je vis un orteil timide
    Puis un petit pied aux orteils qui s’agitaient pour me dire bonjour,
    Je vis des petits fesses rebondies adorablement,
    Je vis vite le regard furtif de la sage-femme, et qu’elle manipulait,
    Vite, des manettes et des boutons ;
    Je vis que s’affolaient des lignes mystérieuses sur les écrans minuscules,
    Et les yeux pupilles brillantes, son regard perdu, l’appel qu’elle m’adressait.
    Je vis (après une éternité) le sourire de la femme-médecine …
    Je vis la tête de ma fille.
    Alors je m’autorisai à fondre en larmes, et
    Je vis la salle des pas perdus de la maternité.
    Je vis la cour de l’école où je filmais ses premiers pas.
    Je vis le grand lycée où elle s’affaire,
    Je vis les invisibles particules, molécules,
    Qui font son quotidien microscopique.
    Je vis les grands yeux ébahis ou ahuris des élèves qui n’y comprenaient goutte …
    Loïc
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  • THEME "RETROUVAILLES"
    (sur la Communauté des Croqueurs de mots : http://croqueursdemots.apln-blog.fr/)

    Racontez en prose ou vers des retrouvailles qu'elles soient voulues, de hasard ou même imaginaires avec :

    •  soit une personne ( ancien ami, amour passé, proche, connaissance)
    •  soit un objet, un lieu ou une perception visuelle, olfactive, auditive… 
     ..............................................................................................

    « Repas de promo »


    Nous avions été de grands amis, durant notre période, de 1968 à 1973, à l’Ecole Normale d’Instituteurs (les « professeurs d’école » n’existaient pas encore). Nous étions devenus amis, pour certains, (mais qu’est-ce que l’amitié ?)

    En 2002, nous nous faisions une fête de célébrer nos retrouvailles lors d’un week-end en commun, au bord de l’eau, dans une grande salle louée pour l’occasion, avec tout ce qu’il fallait pour faire la cuisine et … rester dormir au cas où, pour ceux qui …

    Mais ces têtes … ces visages, ces teints aussi gris que leurs barbes, ces rides sur des joues fatiguées d’avoir oublié les sourires … : Un rappel très approximatif avec ce (ceux) dont j’avais conservé un souvenir plutôt agréable. Et ces bedaines … (non mais, tu t’es regardé, toi ?)

    Et ces discussions « jardin-pétanque-foot-combien d’enfants ?-« Où sont-ils placés » … Très éloignées des débats enflammés (de septembre 68 !) au cours desquels nous refaisions le Monde (et comment !). Il n’était plus question que de leur « carrière » (« Moi, j’ai continué, j’ai fait conseiller pédagogique » - front haut, bien sûr – ou « moi j’ai vite tout arrêté, l’enseignement c’était vraiment pas mon truc ». On commençait déjà, aussi, à faire le compte de ceux qui n’étaient plus de ce monde …

    N’exagérons pas, car tous n’étaient pas dégoûtés ou désabusés. Mais combien de « encore six ans avant la quille ! »

    Consolation, tout de même : Nous nous quittâmes après un « bal folk » improvisé par ceux qui étaient parvenus à apprivoiser un instrument de musique, entre préparations de cours et corrections de cahiers.

    On se promit de « remettre le couvert » en 2012. Je n’en fus pas.
    Loïc
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  •  La proposition d'hier, à "l'écume des mots" : Un souvenir d'enfance vous revient, vous le "déroulez" ...
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    Panique sous les rails.



    C'est moi, là, sur la marche du trolleybus, vous vous souvenez, ces bus électriques alimentés par des câbles qui fournissent leur courant grâce à des perches. Le plaisir est suprême, quand on s’évade un instant de l'atmosphère morose du trajet vers le boulot, et l'incident est beaucoup apprécié – surtout par les enfants lorsque lune des perches sort de son rail aérien. Le chauffeur doit alors (souvent sous les averses) descendre du bus, tirer sur la perche, travail très délicat et qui devient pénible après la troisième ou quatrième fois.

    Moi, je suis monté dans le trolleybus à l'arrêt « Coq Hardi », un lieu-dit du quartier du Petit-Paris, à environ cinq cents mètres de la place de Strasbourg, universellement connue (surtout par les Brestois, et par les cyclotouristes du Paris-Brest). Jai bien enregistréles consignes, car c'est la première fois que je vais utiliser seul ce moyen de transport. Papa est à l'Arsenal comme tous les jours et maman doit s'occuper de mon petit frère Claude, qui a deux ans.

    Et moi, j'en ai sept, je suis un grand, on me le répète assez souvent, que « jai l’âge de raison » : Je vais je dois me débrouiller pour le prouver.

    Ici, pas d’ « hôtesse denfants », nous ne sommes pas à la SNCF et encore moins à Air France !

    Ma destination, au centre-ville : le carrefour entre la rue de Siam et la rue de Lyon. Cette dernière, je la connais bien, jy suis né (à la maison) et j'y ai vécu pendant sept ans, jusqu'en 1959, quand le Brest de la Reconstruction est redevenu habitable.

    Je me rends aujourd'hui, seul, donc, chez l'orthopédiste pour qu'il vérifie l'état de mes voûtes plantaires ainsi que l'adaptation de mes «chaussures orthopédiques» à l'évolution de la croissance. Ces engins de torture commencent vraiment àdevenir insupportables, par leur aspect dont se moquent les copains, et par les douleurs provoquées … : vivement la fin !

     Mais pour linstant jai dautres préoccupations. Je me répète, sans arrêt, comme une litanie, le trajet : Je dois descendre après la Grande Poste. Facile à repérer, tout de même, a décrété ma mère : juste après le Monument aux Morts ! Unique, privilège agréable, même, ce voyage long à mes yeux - qui descend la rue Jean-Jaurès sur toute sa longueur (un kilomètre, au moins !). Grâce àla circulation intense et aux arrêts fréquents, j'ai tout loisir pour profiter de toutes les vitrines, principalement les expositions de jouets, car nous approchons de Noël

    Place de la Liberté (ou « place Charles-de-Gaulle » - je n'ai jamais su, car ma grand-mère parlait, elle des « Glacis ») la Poste, un des premiers grands bâtiments construits après la guerre. J'observe tout ce qui se passe : les enfants qui observent attentivement la vitrine du magasin de jouets le plus huppéet le plus cher de la rue de Siam, les matafs (marins), leurs beaux uniformes et leurs bachis (« Caressez-moi le pompon, ça ne coûte quun bisou ! », j'ai à présent la tête tout à fait ailleurs

    Mon arrêt, bon Dieu ! Voilà le square Wilson, sous le kiosque y joue une fanfare, puis le Monoprix ! Je suis glacé d'effroi. Réflexe immédiat, je me tourne dans tous les sens, persuadé que tous les regards sont braqués sur moi. Je croise les bras sur ma poitrine, persuadé de me faire moins remarquer, comme si un haut-parleur venait d’annoncer solennellement, et en répétant, ma bévue… Je suis très certainement rouge écarlate, je suis donc facilement repérable, je sens que je vais éclater (et même, peut-être, faire dans ma culotte).

     Mais un voyageur a sonné pour demander larrêt suivant, devant le magasin exotique qui fleure si bon tout ce quon peut trouver qui vient de si loin

    Sauvé, je suis sauvé ! Je saute littéralement, àpieds joints, quitte à me fracturer une jambe. Mais ce serait tellement moins grave

    La prochaine fois j'essaierai le vélo, mais maintenant, le plus difficile va être le retour à la maison

    Loï
                                                      
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    3 commentaires

  • « Se déguiser » : « Faire à sa guise » (dictionnaire Reverso) !

    Pourtant, les déambulatants qui déambulatent , pendant le Carnaval, semblent ne pas être (ou avoir été) libres, dans bien des cas, de choisir leur déguisement, car nous rencontrons les historiques Polichinelle, Arlequin (attention, ne pas confondre !), les Charlots, les fées Carabosse ou Mélusine, … Je choisis la seconde, entre nous, car le Carnaval est aussi, fréquemment, le « jour des fous » ou « celui de tous les droits » : Profitons-en ! Et cela nous apportera des souvenirs, bons ou médiocres, de nos frasques.
    Moi, c’était le clown, un grand classique. Grand, peut-être pas, car la veste à carreaux, et le pantalon à gros pois, flottant au vent de Douarnenez (les « Gras » sont sacrés céans) me donnaient un air de petit lutin perdu dans son froc , concernant le bas, et dans son frac pour le haut … J’avais conservé, des premiers carnavals, un beau (mais de moins en moins chaque fois …) chapeau-clac (ou claque ?) qui ressortait chaque année de son coffre. Lors du défilé obligatoire dans la rue principale, nous – tout le monde – pouvions à loisir nous réjouir, grâce à notre reflet dans les vitrines, ou désirer disparaître sous terre, devant la piètre « photo » exposée à tous d’un piètre clown de Strada à deux sous …
    Ensuite, ce furent, en beaucoup moins bien « adaptés à mon caractère », les accoutrements (dont les hommes raffolent) de femmes délurées, fofolles et (très) vaguement sexy, dont le maquillage outrancier dégoulinait à la première gorgée de bière.
    Alors, j’ai vite arrêté. Ben oui : certains élèves (ou parandélaives) me reconnaissaient, et d’aucuns d’entre eux présentaient – triste pour eux – un sens peu élevé de l’humour. Les appareils-photos jetables commençaient aussi, en concert avec les reflets assassins des vitrines, à donner des preuves irréfutables – comme s’il en était besoin – de nos exhibitions ridicules, sujettes, de plus, à toutes sortes de suppositions plus ou moins désagréables.
    Et puis (et surtout) j’ai cessé (maturité ?) d’aimer ce défoulement annuel et un peu (beaucoup) stéréotypé et trop déjanté, qui donnait, de plus, une trop bonne occasion de beuveries sans nom, que j’ai revécues plus tard comme soigneur, dans les postes des secours de la Croix-Rouge … Là, ce n’est pas le même cinéma, on joue toute la nuit un autre film, dans un autre costume, et principalement sans reflets de soi, sans rôle à tenir pour soi-même, mais sans fard ni grimace, pour les autres .
    Loïc
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    7 commentaires
  • Les blogs sont, en très large majorité, publics, et ne sont donc pas prévus, en principe, pour qu'on y étale ses états d'âme et son intimité. Mais la citation est à la fois si intime et si universelle ... :

    "Trouvé sur le net" ...     
    Pour ma part, je reprends la phrase de Voltaire dont je me fais à présent une devise : 
    "J'ai décidé d'être heureux, car c'est bon pour la santé".
    Et cela commence déjà porter ses fruits, car j'applique une des conséquences de cette citation : 
    SAVOIR DIRE "NON"
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    9 commentaires
  • En nous inspirant de ce texte de Georges Pérec, il s'agit à présent de faire ressurgir 
    des souvenirs non personnels, mais de la "mémoire collective" ...


    Je me souviens …
    Je me souviens – mais pour quelles raisons obscures, peut-être la mise en musique de ce texte ? d’une poésie (de
    Théophile Gautier) apprise à l’école :
    Tandis qu’à leurs œuvres perverses
    Les hommes courent haletants
    Mars, qui rit malgré les averses,
    Prépare en secret le printemps …
    J’ai oublié toutes les autres …

    Je me souviens de m’être très rarement disputé, à l’école, sauf quand il s’agissait d’avoir l’honneur de « faire les ronds », avec l’arrosoir, sur le plancher de la classe, avant le balayage.

    Je me souviens de la vedette des communions solennelles, en 1963 : le Kodak Instamatic 50, et ses cubes-flash.

    Je me souviens d’avoir enfourché, le front haut, tenant mon mini-transistor collé à l’oreille, mon « engin » - ma Mobylette bleue – que j’avais repeinte en noir après lui avoir offert un siège long, à la place de la selle-qui-faisait-péquenot. Les plus grands, eux, roulaient en Flandria, celle qui avait des vitesses.

    Je me souviens de la claque monumentale reçue du directeur de l’école, quand il me surprit dans le WC de l’école, la cigarette (une P4) à la bouche.

    Je me souviens des vaches aux flancs couverts de bouse, que nous ne voyions qu’une fois en partant au bord de la mer en autocar.

    Je me souviens de la douleur des brûlures aux doigts, à force de jouer aux osselets sur le goudron.

    Je me souviens du poids le plus léger, qui manquait toujours, dans toutes les boîtes de poids de toutes les écoles que j’ai hantées, enfant puis adulte.

    Je me souviens du Tôlé Citroën, gigantesque, reçu pour Noël, fabriqué par mon père. Il avait récupéré toutes les chutes de métal sur son travail, et avait fait cela en douce, à la maison, avec – j’en suis sûr – le petit sourire en coin qui lui allait si bien.

    Je me souviens des exploits littéraires que nous commettions en transformant les paroles des chansons. Pour « Belles, belles, belles », j’ai oublié … Mais je me souviens très bien que « quand j’entends siffler le train » était devenu « quand j’entends pisser le chien ».

    Je me souviens de cette femme (que nous appelions « Mme Moustache », allez donc savoir pourquoi) qui trônait dans le trolleybus, pour poinçonner nos tickets. Assise à l’avant, près du chauffeur, elle tournait sa petite manivelle toute la journée, marquant nos petits cartons. Elle parlait souvent, comme nombre de personnes à cette période, mi-français mi-breton, et interpellait régulièrement les passagers : « Bon, poussez-vous ! tout le monde a son ticket dans le derrière ? »

    Et enfin, je me souviens – mais ne le répétez pas … - d’avoir, avec les copains, arraché les élastiques des culottes des filles, mais en tout bien tout honneur : Nous en avions besoin pour fabriquer nos « blettes » (frondes, lance-pierres).
    Mais ça, ce n’est pas un souvenir, c’est une confession…

    Esperanto :
    Mi memoras ...

    Mi memoras - sed kiaj obskuraj kialoj, eble la muzika scenejo de tiu teksto? poezion (de

    Théophile Gautier) lernita en lernejo:

    Dum en iliaj malbonfaroj

    Viroj anhelante

    Marso, ridante malgraŭ la pluvo,

    Sekrete preparas printempo ...

    Mi tute forgesis la aliajn ...

     Mi memoras ke mi tre malofte kverelis en la lernejo, krom kiam ĝi venis la honoro de "farante ĉirkaŭvojon" kun la akvumilo sur la plankon de la klasĉambro, antaŭ la balaado .

     Mi memoras la stelon de solena komuneco en 1963: Kodak Instamatic 50, kaj flash kuboj.

     Mi memoras saltetis, alta frunto, tenante mian mini-transistoro gluita al mia orelo, mia "mekanismo" - mia blua mopedo - Mi pentris nigra post proponi lin longan sieĝon, anstataŭe selo-kiu-estis-bumpkin. Granduloj ili stiris en Flandria, havantaj rapidoj.

     Mi memoras la monumentan vangofrapon ricevita de la Direktoro de la lernejo, kiam li kaptis min en la necesejo de la lernejo, la cigaredo (P4) en la buŝo.

     Mi memoras la bovfekaĵo sur la flankojn; oni vidis nur unu fojo ekde la marbordo per buso.

     Mi memoras la doloron de brulvundoj al la fingroj, per ludi iu ludostetoj sur la asfalto.

     Mi memoras la plej malpeza pezo, ankoraŭ mankanta en ĉiuj skatoloj pezo de ĉiuj lernejoj mi hantis, infano kaj plenkreskulo.

     Mi memoras la "Tôlé" Citroen, giganta, ricevita por Kristnasko, farita de mia patro.

     Mi memoras, ke ni faris literaturan heroaĵoj transformante literojn. Por "Belles Belles Belles" mi forgesis ... Sed mi memoras tre bone ke "kiam mi aŭdas la trajnon fajfantan" igis ", kiam mi aŭdas la hundon pisantan."

     Mi memoras tiun virinon (kiujn ni nomas "Madame Moustache"), kiuj sidis en la trolley, truadinta niajn biletojn. Sidante en la antaŭa flanko de la ŝoforo, ŝi turnis sian malgrandan krankon tutan tagon, markante niajn etajn skatoloj. Ŝi ofte paroladis, kiel multaj homoj en tiu tempo, duone franca duone bretona, kaj regulaj pasaĝeroj ekkriis: "Nu, movi sur! ĉiu havas sian bileton en la malantaŭe*? »

     Kaj fine, mi memoras - sed ne diras al iu ajn ... - havas, kun amikoj, tiris la elastajn kalsonojn de knabinoj, sed en tuta honoro: Ni bezonas fari nian "blettes" (frondoj, slingshot).

    Sed ĉi tiu ne estas memoro, estas konfeso ...

    *maltradukebla vortludo : "arrière" = malantaŭe. "derrière" = malantaŭe, sed ankaue "postajo" ...

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  • Lendemain de rentrée ...
    Toutes ces "têtes blondes", tous ces fleuves - ces torrents - de larmes, et ce sujet unique dans les journaux, que cela en devient agaçant : mais c'est la Rentrée des classes, évènement si important dans la vie d'un enfant (et d'un enseignant, surtout quand c'est la première !)
    Trois petits-enfants, chez nous : Pour deux d'entre eux, plus de larmes, le jour de la rentrée (non mais, ça va pas, on est des grands !). Pour le dernier, pas encore : Il va avoir un an, le bougre !
    Alors, la roue qui tourne, qui tourne, un vrai manège ...
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  • Après l’audition de : « Coin de rue », de Charles Trenet.

    Ma rue, c’était la rue de Lyon, cernée par l’église Saint-Louis et l’hôpital des armées. Une rue très vivante grâce à la présence de halles, les halles les plus chics de Brest, dans ce quartier le plus huppé de la ville.

    Le policier – appelé l’hirondelle – passe à vélo dans une circulation encore assez restreinte, et interpelle joyeusement les gars et les marins qui sortent de « L’abri de la tempête », le bistrot au-dessus duquel je suis né. En face de ce bar, une école en construction, cruel souvenir d’un accident qui me cloua plusieurs semaines dans un landau, le genou blessé…

    De temps en temps passent encore des marchands ambulants : le rémouleur (« ciseaux, couteaux, affûtés ! », Le marchand d'pillous (les chiffons), et, plus rarement, le joueur d’orgue de Barbarie qui tourne « Coin de rue », de Charles Trenet, en distribuant des feuilles pour les paroles. Moi je circule à trottinette parmi tout ce monde, parmi les filles qui jouent du hula-hoop, et je passe mon temps avec les copains, a escalader les escaliers non terminés des immeubles en construction. Le trolleybus électrique passe doucement, presque silencieusement, semblant poussé par ses trolleys, les perches qui puisent l’énergie sur les câbles suspendus, et qui se décrochent, trop souvent. Dans les petits magasins, tout le monde se connaît, s’interpelle, plaisante, gronde… Une ambiance de village, encore en ce temps-là…

    Le soir, l’hirondelle est remplacée par une patrouille militaire, bien moins sympathique, et de temps à autre nous avons le plaisir d’entendre des langues étrangères sur le trottoir. Les marins, semblant comploter, se dirigent vers la rue louche qui nous est interdite. Que peut-il bien s'y passer ? « Secret militaire ! », dit mon père…

    Aujourd’hui, « L’abri de la tempête » est une compagnie d’assurances, et l’épicerie/cordonnerie/boulangerie/crémerie est une banque, mais mes souvenirs sont toujours là.

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  • « La dernière fois que je l’ai vue, elle était dans la cuisine ... ! »
    Nous courons, Annie et moi, dans tous les sens. Au début, nous nous bousculions, éperdus, puis nous nous sommes disciplinés. « Mais je te dis qu’elle était dans la cuisine ! »
    Surmontant la panique, qui commençait à me gagner, je me suis précipité dans le garage, je l’ai ouvert d’un grand coup de pied dans la porte, et j’ai coupé l’interrupteur général et l’arrivée de gaz. J’ai vérifié que les deux enfants étaient bien restés à l’abri dans la voiture, au loin, puis je suis parti au bord de la route, tandis qu’Annie s'époumonait : « je te dis que la dernière fois que je l’ai vue, elle était dans la cuisine ! »
    Au bord de la route, j’attends fébrilement l’arrivée des pompiers. Puis, enfin, la sirène…
    Alors, je reviens, je cours à la cuisine. Un bruit, un grondement assourdissant… J’entr'ouvre la porte : Caline, notre épagneul, bondit de sous la table, sur laquelle est déjà descendu le lustre-suspension, complètement fondu. Encouragé par l’appel d’air, le feu reprend de plus belle.
    « Je t’avais dit qu’elle était dans la cuisine… »
    Les pompiers entrent, Caline hurle, le pelage grillé… Nous fondons en larmes.
    LOIC
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  • Paniers gourmands



    Aujourd’hui, c’est jeudi, et grand-père nous fait faire la promenade de ce jour sans école. Après avoir tiré son panier à roulettes dans les divers commerces du quartier, nous finissons par la boulangerie-pâtisserie. Nous admirons les petits pains que nous aurons le droit de savourer tout à l’heure, puis c’est enfin le moment des friandises. Chacun d’entre nous reçoit 50 francs (de 1959, bien sûr !) à dépenser comme bon lui semblera. Mini-meringues, souris en chocolat, roudoudous, pschitt acides, et surtout la merveilleuse pastille Valda, le « bonbon-tue-rhume ». Nous allons alors déposer notre petit panier dans la main de la boulangère, qui peut faire patiemment les comptes…
    Une fois adultes, nous avons reproduit ces moments magiques auprès de notre progéniture, et les virées à la plage ont toujours été accompagnées, au retour, d’un passage obligé à la boutique à bonbons. Instants irremplaçables aux rituels sacro-saints, hélas inexistants à présent car la boutique magique a laissé place à un distributeur bancaire et à une crêperie.
    Même l’Ile-Tudy devient une ville, à notre désespoir. Il ne nous reste qu’à attendre quelques années pour que nos petits-enfants nous donnent le prétexte de retrouver un de ces magasins inoubliables…
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  • Après une parenthèse assez longue (nous avons "bûcheronné" à tout-va durant trois semaines !), voici un épisode - une "simple anecdote" ? je ne le pense pas - de ma vie.
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    « Un livre… »
    Le livre, cet ami, même s'il n'est que de papier… Il est souvent, lorsqu'on en a adopté un, le soutien, une béquille parfois, qui aide à tenir, à soutenir ses convictions, à corriger ce qu'on se prend à considérer comme des déviances, des mauvaises pentes…
    Cet adolescent, à 16 ans, a quitté sa ville, pour débuter ailleurs - oh, ce n'est pourtant pas bien loin, 80 km - un apprentissage professionnel. Il est souvent, et même de plus en plus en permanence, complètement dépassé. Étourdi, perdu, par tout ce qui l'entoure, par tout ce qu’il découvre, de jour en jour, de la vie du travail, de la très prochaine et terrifiante sortie de l'école. Il reçoit aussi, en pleine figure, les contradictions, et même les virulentes attaques contre ce qu'il a toujours entendu à la maison. Famille très traditionaliste, avec laquelle il a souvent - avec plaisir d'ailleurs - discuté, inspiré sans doute par les récents événements de mai 1968. Il était déjà interloqué, désorienté : normal, dit-on, à 16 ans. Mais, face à ces points de vue, dans cette grande école, il perd toutes ses références, ses repères.
    Alors s'installe à son insu, la dépression. Grave, profonde, pas le « petit coup de déprime » passager.
    Il se trouve ce jour-là en cours de français, face à ce prof qu’il déteste, ce personnage imbu de lui-même et méprisant… Sujet du jour : « Vous avez choisi de partir vivre sur une île déserte, pour le restant de vos jours. Quel livre emportez-vous ? »
    Réponse immédiate, spontanée, évident, vitale : « LE Livre, la Bible »
    L'éclat de rire tonitruant du professeur l’a blessé à vie. Tant d'années plus tard, en est-il remis ? …

    Loïc R., mars 2013
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  •  
    Ma crème au chocolat.

    Nous passons, lors d'une promenade familiale, devant "chez Touz", nous reniflons la bonne odeur du chocolat. Chez Touz, c'est la grande fabrique de petits gâteaux et de pâtisseries de toutes sortes. Mon frère, âgé de sept ans de moins que moi, est installé dans son landau. Pour Noël, nos parents nous offrent de nous asseoir pour déguster un chocolat, et j'admire la vitrine décorée d'un magnifique circuit de train électrique. À l'entrée, un Père Noël propose la photo traditionnelle en sa compagnie…
    On cuit du chocolat, aujourd'hui. Et j'ai réussi à trouver et recopier, dans un almanach Vermot, la recette de la crème au chocolat. J'ai simplifié à ma façon, pour avoir moins de vaisselle à faire, et la voici :
    Je chauffe un litre de lait dans lequel je verse trois ou quatre grandes cuillerées de chocolat Poulain (publicité gratuite). Je délaye dans un bol une belle cuillerée de Maïzena dans du lait, et, quand le chocolat bout dans la casserole, j'y verse cette poudre magique, qui cuit en quelques secondes. Je verse la crème dans des ramequins, c'est fini ! Je place à refroidir, mais le meilleur est lorsque je gratte le fond de la casserole : ce chocolat brûlant est un délice…
    Actuellement, je fabrique encore de temps en temps cette mixture, que je déguste devant la télé, et tout me revient : papa, dans sa lourde "canadienne", le landau aux toutes petites roues, le Père Noël, les dames chics qui font emballer de succulents gâteaux, et surtout l'extrême plaisir de se trouver là, en famille, uniques et isolés dans la foule des passants de la rue Jean-Jaurès. C'est sans nul doute ce plaisir que je retrouve lorsque je déclare goulûment : « Je vais faire ma crème ! »
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