• Un Canadien errant

     "Un Canadien errant" : Le contexte, l'histoire de la chanson,

    la carrière de Paul Robeson, ses engagements : ICI

    1957, ou 1958. Comme souvent le dimanche, nous rendons visite à notre grand-mère et à notre tante Marie-Madeleine. Respectueusement assis, nous écoutons (ou pas, c'est selon !) religieusement (ou pas, non plus !) de la musique classique, installés en arc de cercle devant l'électrophone dernier-cri acheté récemment, un modèle top-moderne : Il a même deux haut-parleurs, un de chaque côté, c'est pour "entendre en stéréo" ! Je n'y comprends rien, tant pis, pas grave.

    Avant ce bijou, régnait dans la salle de séjour de l'appartement une autre splendeur, un grammophone ... à baver d'admiration et d'envie. Pas toucher, surtout, c'est fragile.

    A tour de rôle, pourtant, nous avons le droit de remonter l'engin à la manivelle, parfaitement huilée. Attention ne pas forcer quand c'est prêt. 78 tours ("Sur la mer calmée-euuu"...), 33 tours (que du classique, j'adore ça), et même des 45 tours. Notre tante s'est procuré un disque d'un chanteur que j'ignore : Henri Salvador ("Le lion est mort ce soir"). Le soir, je connais les paroles par coeur, et je chante dans le trolleybus qui nous ramène à la maison. Cela fait le bonheur de M'me Moustache, celle qui tourne une autre manivelle, j'en parle ailleurs. Instants magiques. Gilbert Bécaud est là aussi ("l'absence de l'ami", qui me mettait les larmes aux yeux). Et d'autres, car notre tante était moderne ! J'apprends à connaître, peu à peu, beaucoup d'airs classiques, mais je ne parviens pas à apprécier l'opéra et encore moins l'opérette. "Plus tard, ça viendra", me promet-elle. C'est venu, en ce qui concerne l'opéra. Je découvre aussi le jazz, dans lequel je continue aujourd'hui à baigner avec délices.

    Cette pochette de disque ... Paul Robeson ? jamais entendu parler. Un Noir ? Alors c'est du jazz, du gospel ou du negro spiritual, je ne fais pas bien la différence.

    J'ai écouté tout, sans broncher, je suis envoûté. Cette voix ...

    Je pensais avoir oublié. Le nom m'est revenu, alors que je songeais, une fois encore, à mon enfance merveilleuse, et à toutes ces images qui montent en moi, refluant régulièrement qui m'enchantent ou parfois me troublent ...

    Tante Madeleine était, comme ma grand-mère, une partisane à part entière du Général de Gaulle, idole de beaucoup de Français. Elles en faisaient volontiers référence (et révérence !) à l'occasion. Or, lorsque j'ai cherché ce Monsieur Robeson sur Internet-je-sais-tout, j'ai appris tout d'abord l'histoire de la chanson "un Canadien errant"*, et surtout celle du chanteur, fervent militant communiste. En 1958, aux USA, oui. Une question, alors : Ma tante aurait-elle eu connaissance de cela ? Si c'était le cas, elle aurait fait preuve d'une grande largesse d'esprit, non ?

    Mais en 1958 Internet n'existait pas, alors ...

     

    * J'ai découvert il y a plusieurs années qu'on trouve en Acadie beaucoup de personnes dont je porte le nom. Or ce nom se trouve aussi en bon nombre en Morbihan, pays de mes ancêtres, où se sont régugiés les exilés du "Grand Dérangement" ...

    Alors, des ancêtres acadiens ? ça m'plairait bien, tiens !

    Loïc

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 2 Juin 2019 à 12:49

    Si je connais Paul Robeson, j'ai été bercée sur ses chansons, nous avons des souvenirs en commun,  tiens j'en parle ici:

    http://almanito.over-blog.com/2014/03/saint-louis-blues.html

    2
    Dimanche 2 Juin 2019 à 17:31

    Nous écoutions aussi les chanteurs de variétés... mais pas seulement. La musique classique, l'opérette (pas l'opéra chez nous).

    Tu fais remonter plein de souvenirs en moi...

    Merci pour tout.

    Des ancêtres acadiens, pourquoi pas ?

    Ce serait bien aussi. :)

    3
    Dimanche 2 Juin 2019 à 20:40

    c'est aussi chez les autres qu'enfants ma fraterie a découvert tous les accents de la modernité, il y avait alors une grande générosité chez tous ces membres de la famille élargie pour nous faire profiter de leur "essor"  et cela nous convenait parfaitement !

    amitié .

    4
    Lundi 3 Juin 2019 à 08:06

    On ignore souvent de grandes oeuvres. Chez Margimond c'était l'estac. Certains textes sont pourtant essentiels.

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    5
    Lundi 3 Juin 2019 à 09:44

    L'estac ?

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