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Souvenir d'enfance
Des chaussures merveilleuses.
« Tu as vu, Mémée, comme elles sont belles ? demandait-il sans arrêt à sa grand-mère. • Oui, mon chéri, elles sont magnifiques ! Il arborait fièrement des chaussures de marche, que son papa venait de lui offrir. • « Je ne les quitterai plus, je les chouchouterai, et … une marche tous les dimanches, au moins, avec vous, sans protester ! » Une jolie tige qui montait haut à l'arrière, un dessus plein cuir, et - cerise sur le gâteau – des magnifiques lacets, rouges et blancs, qui se croisaient savamment dans des crochets impressionnants … Il n'en revenait pas. Son père lui avait expliqué que c'était là un cadeau à l'occasion de l'arrivée du petit frère. Maman était rentrée, le matin-même, de l'hôpital, car - on le lui avait affirmé – elle était « tombée dans l'escalier ». On ne parlait pas de ces choses-là aux enfants, en 1959. A sept ans, le pauvre n'avait pas vu (ou voulu voir?) qu'elle attendait un bébé ! De marches en marches, de sorties en sorties (car elles "firent longtemps") ces chaussures devinrent ses amies, ses confidentes même. Les circuits s'allongeaient régulièrement, son entraînement l'incitait à persévérer, et il y prenait un plaisir indicible . Il leur avait donné un nom : « Mes chaussures qui courent vite ». Et lorsqu'il les avait chaussées, il était débordé par l'émotion quand les lacets faisaient des boucles qui devenaient les yeux de son petit frère ...
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Commentaires
J'ai toujours pensé que "parler à ses chaussures, c'est vraiment le pied". ;-) Bises alpines et belle fin de semaine.
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Un petit frère généreux! Ton histoire me fait penser à une voisine à peu près à la même époque qui avait raconté à son fils que le nouveau bébé avait apporté un vélo pour lui, et le petit qui n'était pas si naïf avait arrondi les yeux d'étonnement en demandant comment le ventre de sa maman avait non seulement pu contenir un si gros bébé mais AUSSI un vélo!
C'est tellement plus simple de dire que le bébé est un cadeau en soi...