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Soft self portrait
Deux portraits.
Un vieil homme parle :
"Tu sais, Dali, j'ai vu ton autoportrait chez toi, je l'ai vu, très longtemps, bien trop longtemps. Le maître riait de mes yeux étonnés, exorbités même, et s'esclaffait devant mes incompréhensions. Un jour, il me lâcha : "Normal, il ne peut pas apprécier, le nègre. »
Je ne savais pas si c'était beau, on ne m'a jamais appris ce que signifie ce mot. Mais j'avais peur. Peur de ce visage éclaté, écartelé, déchiré comme l'âme de Dali, une expression à la fois clownesque et menaçante, une manifestation de haine et de violence.
Cela m'a pris un long temps pour découvrir la langue qui coulait lentement, comme du miel et se répandait au sol, glissait tel un serpent visqueux.
Depuis ce temps, j'ai pris à mon compte l'expression « soft self portrait ». Mais je connais, moi, mon visage. Et je ne le jette pas en peinture et en pâture en pleurant. Ils en seraient si fiers, les riches blancs. Avilis, diminués, niés, ils nous ont tout fait, les riches blancs.Je n'ai plus de voix : mes mains parlent bien mieux que moi. »
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Commentaires
Tout est déjà écrit... pour la langue des signes, je n'ai jamais pris le temps d'apprendre et je le regrette aujourd'hui.
Passe une douce journée.
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quelle profondeur dans ce texte ! j'ose dire que j'adore ses mains car sa voix ne dit pas son nom ...
amitié .