• Renouveau

    Renouveau.

    Tandis qu'à leurs oeuvres perverses,
    Les hommes courent haletants,
    Mars, qui rit malgré les averses
    Prépare en secret le printemps ...

    Et toute la classe (des garçons seulement, nous sommes en 1959) écoute, bouche bée. L'épisode "radio scolaire" a commencé. Nous nous sommes "échauffé" la voix en faisant des vocalises, "montés" au plus haut, "descendus" au plus bas, puis révision des chants connus. Le maître nous présente alors ce à quoi je donnerai le titre de "le tandika", il nous explique le pourquoi (nous sommes le 21mars), nous apprend le mot "renouveau", avec le rapport avec le moment, 1959, de la renaissance de notre ville ...
    C'est le printemps, regardez ces petites fleurs parsemées sur les parterres de l'école ! M. Appriou augmente le son, "écoutez bien". Il est presque sourd, porte des appareils auditifs. Cela m'impressionne, car sa voix métallique sonne comme celle d'un robot.
    Je ressentais cette parenthèse dans notre quotidien comme un ravissement, un véritablement moment de bonheur.
    Et puis ce mot magique, "renouveau" ...

    Théophile GAUTIER   (1811-1872)

    Premier sourire du printemps

    Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
    Les hommes courent haletants,
    Mars qui rit, malgré les averses,
    Prépare en secret le printemps.

    Pour les petites pâquerettes,
    Sournoisement lorsque tout dort,
    Il repasse des collerettes
    Et cisèle des boutons d'or.

    Dans le verger et dans la vigne,
    Il s'en va, furtif perruquier,
    Avec une houppe de cygne,
    Poudrer à frimas l'amandier.

    La nature au lit se repose ;
    Lui descend au jardin désert,
    Et lace les boutons de rose
    Dans leur corset de velours vert.

    Tout en composant des solfèges,
    Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
    Il sème aux prés les perce-neiges
    Et les violettes aux bois.

    Sur le cresson de la fontaine
    Où le cerf boit, l'oreille au guet,
    De sa main cachée il égrène
    Les grelots d'argent du muguet.

    Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
    Il met la fraise au teint vermeil,
    Et te tresse un chapeau de feuilles
    Pour te garantir du soleil.

    Puis, lorsque sa besogne est faite,
    Et que son règne va finir,
    Au seuil d'avril tournant la tête,
    Il dit : " Printemps, tu peux venir ! "

    Pour la nouvelle petite fabrique d'écriture
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  • Commentaires

    1
    Mardi 21 Mars 2017 à 06:07
    Quand tu parles de l'ambiance de ta classe d'école en 1959, je me revois dans la mienne, dans mon village, j'avais 8 ans et je crois que ce que tu entendais chez toi ressemblait aux paroles que je buvais
    Amicalement
    Claude
    2
    Mardi 21 Mars 2017 à 08:41
    Sympa !
    Tiens un lien qui te parlera peut-être :
    https://www.youtube.com/watch?v=dQBJf57EGb8
    @+
    3
    Mardi 21 Mars 2017 à 08:59
    Je me retrouve en effet tout à fait dans cette ambiance un peu "hors du temps" de l'atelier d'écriture ... Merci !
    Loïc
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    4
    Mardi 21 Mars 2017 à 12:21
    Ah la radio scolaire, on l'utilisait pour le chant et j'ai même retrouvé des fascicules qui allaient avec. Un très beau poème de Théophile Gautier que je découvre merci
    5
    Mardi 21 Mars 2017 à 15:00
    "mars qui rit à travers les averses" une de ces phrases qui surnage dans la mythologie de beaucoup d’écoliers d’autrefois.. merci pour cette évocation, Loic
    6
    Jak
    Mardi 21 Mars 2017 à 17:09
    « Mars qui rit à travers les averses », cette strophe oubliée resurgi grâce à toi Elle est incrustée au fin fond de ma mémoire d’écolière, non pas des ans 69 mais des années 45☺
    Je me demande si elle n’a pas été le point de départ de mon amour pour la poétique nature qu’hélas on voit déflorée à tour de bras aujourd’hui.
    Merci de ton passage sur mon blog
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