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Mirage ... ?
Alex*, depuis plusieurs nuits, était très perturbé. Des grelots, des tintements, le tenaient éveillé, et l'image d'un gros bonhomme rouge, au visage bouffi de « bon vivant », l'obsédait.
Il n'avait jamais aimé le Père Noël, ni tout ce qui gravitait autour de lui, car ses parents l'avaient éduqué dans la conviction que l'on ne doit pas mentir aux enfants... Mais alors, pourquoi ce mythe revenait-il le chatouiller, chaque nuit? Avait-il, peut-être, quelque chose à se reprocher? Le Père Noël – en admettant, tout de même, quelque part, qu'il existât - avait-il eu vent du fait qu'Alex affirmait à tous ses copains sa non-existence?
Il allait en avoir le coeur net. Un soir, avant de monter se coucher, il emprunta le caméscope de son papa, vérifia que celui-ci était bien équipé d'une cassette de longue durée, et que la batterie était bien rechargée... Il camoufla l'appareil sous son oreiller, un doigt sur le bouton, puis attendit. Combien de temps?.... Il s'était endormi, ayant eu au dernier moment le réflexe de mettre en marche... Le matin, il n'avait rien vu, ni entendu.
Il sauta du lit, évidemment, brancha le caméscope sur le téléviseur, et... le monde entier commença à défiler devant lui! D'abord, sa chambre, où on le voyait dormir à poings fermés, puis sa maison, sa rue, sa ville, survolée – en traîneau, très certainement – au son tintinnabulant de grelots aigrelets. Puis, une grosse voix, à la fois sévère et tendre: « Nous nous trouvons actuellement au-dessus du pont de Tancarville, et nous nous dirigeons vers les Açores. Voici à présent Fort-de-France, puis Cap Kennedy... ». Tout se passait à une vitesse fulgurante.
Un bruit, soudain: Papa, derrière le canapé, ouvrait la porte.
- « Mais que fais-tu là? Déjà levé? Et tu as encore allumé la télé! Eteins ça, tout de suite!
- Mais, papa... bredouillait-il, les yeux écarquillés... Rembobine la cassette, et regarde...
- Quoi? dit le père. Tu divagues, ou quoi? »
Après quelques instants, le père d'Alex, par curiosité – tout de même! - a remis la cassette en lecture. Durant vingt minutes, il n'a pu voir qu'un scintillement d'étoiles, comme sur les écrans de veille d'ordinateurs, avec une bande-annonce qui défilait imperturbablement:« Réservé aux enfants - Réservé aux enfants - Réservé aux enfants - Réservé aux enfants... »
* : Mon prénom a, bien sûr, été changé … mais je vous assure que c'est bien moi qui ai rêvé !
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Euh ... Si vous avez l'habitude me lire depuis un (bon) moment, vous avez pu remarquer que j'ai déjà publié de texte ... Oui, c'est la grooosse flemme ce matin ... Et puis à Noël on ne travaille pas ... Et puis il a vécu, ce texte : Les cassettes vidéo, préhistoriques !
Alors, bonnes fêtes de fin d'année, et toute cette sorte de choses .
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Commentaires
pour n'y avoir jamais cru, je me suis dispensée à y faire croire mes enfants et petits enfants ... mais les contes ont toujours été contés, et la joie des moments partagée ...
Joyeux Noël !
amitié .
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Je ne le connaissais pas mais c'est un très joli conte, l'univers des enfants est impénétrable aux adultes mais ceux qui, comme toi, ont su garder leur âme d'enfant savent le raconter.
Joyeuses fêtes à toi et aux tiens Loïc