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Jour de pluie
Dehors, l'orage grondait et je n'imaginais pas encore que la porte s'ouvrirait si violemment...
Il pleuvait sans cesse, cette nuit-là. En ces temps reculés, le bitume n’avait pas envahi la ville, et les roues ferrées de la carriole du docteur avaient résonné sur le pavé, jusqu’en haut du beffroi, dont les cloches sonnaient à toute volée…
L’eau dévalait, sans obstacle, en trombes ininterrompues, lessivant les immondices déversés par les fenêtres depuis tant de jours. Une eau purificatrice, rénovatrice, libératrice, qui annonçait un jour nouveau, un évangile…
Des femmes accouraient des maisons voisines, couvertes de leurs chaperons, ralentissaient devant l’échoppe qui exhalait des relents de poisson, puis pénétraient, voûtées, dans la solide demeure. Elles en ressortaient, et restaient quelques instants, échangeant à voix basse des commentaires…
Au dernier étage, où les fenêtres des maisons se rejoignaient presque, sur une couche grossière, sous le toit qui crépitait sous la pluie, des femmes se pressaient encore, portant à deux ou trois les énormes baquets de la poissonnerie, emplis d’eau chaude… Le docteur, mystérieusement, s’affairait…
La pluie redoubla. La femme poussa un long cri rauque, se souleva en une ultime contraction, brutale, puis retomba lourdement sur le matelas, faisant naître des nuages de poudre blanche....
Je venais au Monde.
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Commentaires
bienvenue à la vie, enfant de l'orage, tes jours seront baignés des lueurs d'éclairs et le tonnerre qui accompagnait ta venue te donnera la force de sa puissance !
amitié .
Né un soir d'orage ? je ne me rappelle plus ! Mais c'était en février, à un moment pauvre en orages ...
Et puis, était-ce vraiment moi qui naissais ?
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Il fallait bien un orage !
Superbement écrit, très beau texte, Loïc, on en lirait bien plus de cet acabit.