Horreur, terreur
Les roucoulements, les ‘toujours’ de l’amour, arrêt. Stop, vite. Les bancs publics, les kiosques bruyants, se sont vidés de leurs visages roses, de leurs promesses riantes, de leurs avenirs radieux.
La terrasse du bar ne rutile plus, les verres sont brisés. Courses effrénées, CRS, capharnaüm, rage, terrible silence troublé de rafales vengeresses, saugrenues, extraterrestres.
La caisse de la batterie du groupe de rock ne résonne plus ; la peau est craquée, criblée, comme les corps.
Nous ne sommes pas au cirque (« c’est pas pour de vrai, hein, papa ? ») et seuls les crânes rasés des tueurs apparaissent, brillants sous les projecteurs encore vivants.
Les fronts des crapules ruissellent d’un orgasme indécent, infernal, démoniaque, qui paralyse à jamais leurs regards exorbités, délirants.
Courage du RAID, du Groupe d’Intervention, des sauveteurs, des rockeurs.
Force, rage, cris, colères. « Musique de dépravés, de dégénérés » éructaient les fous furieux.
Espoir. Recueillement. Rassemblement. Parler. Verbaliser. Se libérer. Se vider. Refuser la haine, mais pas de pardon.
Leur enfer n’est pas le nôtre. Leur paradis, nous n’en voulons pas.
Paris, France, démocraties, pleurent, grognent sous les corps, elles se relèveront de l’horreur.
Unité, sur les ruines de la misère, plus forte que la terreur.