A l'atelier de l'écume des mots : Vous avez hérité de cette maison, qui se trouve à Chicago.
Qu’allez-vous faire (sans utiliser le mot « bleu » dans le texte) ?
J’en reste sur le flanc, le souffle coupé : Un héritage ! Je suis fatigué, aussi, par mon vol Paris – New-York – Chicago, je découvre le « cadeau ».
J’hérite de mes ancêtres américains (dont je n’ai jamais entendu parler !) une belle maison d’un outremer étonnant pour un Européen, qui guérissait un peu, sans doute, la nostalgie des teintes maritimes de leur mer bretonne.
Ils avaient osé se lancer dans le grand voyage, au XVIIIème siècle, vaincus par la famine, le cœur empli d’un immense espoir. Ils s’étaient installés tout d’abord au Québec, puis avaient adopté les Etats-Unis, leur civilisation, leur langue, et y avaient fait souche.
Ils avaient vécu à Chicago une existence prospère, et y avaient construit une coquette maison de bois, accueillante et chaleureuse, dont le notaire m’avait proposé la photo, bien alléchante, ma foi.
Mais … J’en suis propriétaire, à présent. Trop attaché à ma Bretagne, où j’ai ma famille, je ne pourrai jamais m’exiler dans ce pays pour lequel je ne ressens aucun attachement particulier. Alors, que faire ? la vendre ? Ce serait une insulte à mes ancêtres, impardonnable pour mes cousins, tantes et oncles.
Une maison en bois … Ce n’est pas si lourd, n’est-ce pas ? après tout …
Sur des containers spéciaux (on y a mis le prix !), la maison a été embarquée sur un cargo en partance pour l’Europe, et j’ai procédé à ce que les Québécois nomment « le grand dérangement » : retour vers la terre natale. Mais je me jure de ne jamais rien changer à cette maison. Surtout la couleur.
http://www.printempsdespoetes.com/file_base/pdf_poeme/584.pdf