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Brest, pont de Recouvrance |
Ferrailler, faire, ailleurs ...
Il avait 60 ans, quand il s'en est allé. Dans un cercueil plombé. Toute sa vie, d'ailleurs, aura été « métal ». Le métal du déambulateur qu'il poussait devant lui, péniblement, à la maison, depuis ses 54 ans, depuis sa mise en préretraite. Le métal de sa voix, détruite par la maladie… Métal, vissé dans les jambes, qui le tenait debout.
Métal de ses outils, choc fer-acier. Métal Mobylette, qu’il m'a appris à démonter. Métal des lourdes portes qu'il franchissait pour se rendre au travail et aussi acier des fusils devant lesquels il passait deux fois par jour.
Boîte métallique que j'ai gardée, écrin de ses souvenirs de prisonnier d'Allemagne. Train, convoi, bateau, sous-marins, tube lance torpille, Hamburg, Dresden, U-boote, Kriegsmarine, bombes, Brest, mitraille, puis le feu, de fer.
Métal, froid, douleurs, tout est gris, glacial, en Allemagne, en Bretagne. Brest, Dresde, mêmes ruines.
Il n'avait pas choisi cette vie construite autour du métal de la guerre. Il adorait le bois.
Il avait les yeux bleu intense. Mais il ne fallait surtout pas lui parler de son « regard d'acier » !
J'ai aussi les yeux bleus. Et j'ai 60 ans. Et je déteste les maquettes.
Bonne journée Amicalement