Les colchiques.
Un demi-poème, coupé en deux dans le sens de la hauteur, mutilé.
Il n’en reste que les débuts des vers, à moi de les terminer …
Le pré est verdoyant, et si doux …
Les vaches saluent l’express de 18h32.
Respectueux et souriants les voyageurs saluent Marguerite,
Leurs mains s’agitent, faisant trembloter leurs chapeaux Léon Blum ou leurs casquettes Front Popu,
C’est selon.
Colchique dans le pré fleurit du mieux qu’il peut.
Violâtres et hideux les crapauds me dévisagent
Et ma vie se débobine sur l’écran flou du ciel.
Les garçons se fichent pas mal de ceux qui rêvent,
Harnachés de hochets de laine tricotés par des nounous folles à délier.
Ils sucent goulûment le nectar de la vie et offrent déjà
Aux filles de leurs amours futures leurs coeurs qui battent le rappel,
Conquérants de Carnaval.
Le gardien du square a fermé le portail,
Tandis qu’un couple s’est formé
Et s’est blotti
Et s’est camouflé
Dans le parc, longtemps, longtemps,
Puis le train a sifflé, longtemps, longtemps ...
Pour toujours.
Loïc R.
Rendons à César ce qui lui appartient ... :
Les Colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne
Les enfants de l’école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
Marrant comme idée, tu as dû te régaler à l'écrire, non?
Il a un p'tit côté Prévert assez déjanté, ton Apollinaire revisité, j'aime bien!
Le genre de texte que je me régale à écrire, oui ! d'abord pour les écrire, puis pour le plaisir, en me demandant parfois "mais qu'ai-je voulu dire, là ?"
Le déjanté, et tout ce qui se prétend sérieux, j'adore de plus en plus. Dans le genre, les discours de toutes sortes sortent du lot.